La NASA sous dépendance russe
L'agence
spatiale américaine aura besoin des vaisseaux Soyouz jusqu'en 2015. Un bon
moyen pour l'industrie russe de jouer un rôle prédominant sur le marché très
concurrentiel de l'espace.
A
l'heure actuelle, les Etats-Unis dépendent des Soyouz russes pour ravitailler
la Station spatiale internationale (ISS), a reconnu Michael Griffin, le
directeur de la NASA, devant la commission Science et Technologie de la Chambre
des représentants du Congrès. Il est "heureux qu'il soit possible de
s'offrir les services de la Russie en matière spatiale et que ce pays soit
partie prenante du programme ISS". Car la présence de la Russie
"laisse aux Etats-Unis le temps de mettre au point ses propres systèmes de
transport pour amener le fret et les équipages en orbite, et permet aussi aux
Américains de ne pas perdre les dizaines de milliards de dollars qu'ils ont
investis dans l'ISS".
Il a expliqué que la NASA s'était engagée à verser 780 millions de dollars
[530 millions d'euros] à la Russie pour que ses vaisseaux Soyouz
transportent jusqu'à l'ISS des astronautes américains et originaires des pays
avec lesquels la NASA a des accords, et ce jusqu'à la fin 2011. Cependant
le futur vaisseau Orion et son lanceur Ares-1 ne seront pas opérationnels avant
le début 2015. La NASA devra donc encore compter sur la Russie après 2011.
"Il nous faudra alors un nouvel accord du Congrès afin de payer les
services de la Russie pour ces transports spatiaux. Il est nécessaire de voter
le projet de loi correspondant dès cette année, parce que les Russes mettent
trente-six mois pour construire de nouveaux Soyouz, et que nous devons donc
signer avec eux avant la fin 2008", a expliqué Michael Griffin.
Le patron de la NASA est persuadé que son pays "doit réduire autant que
possible sa dépendance à l'égard des Soyouz, mais, pour l'instant, les
Etats-Unis n'ont pas d'autre solution que de les utiliser. Je ne pense pas que
nous disposerons de vaisseaux commerciaux américains dès 2012." Il a
également demandé aux législateurs d'approuver le budget de 17,6 milliards
de dollars que son agence réclame pour 2009 (soit une augmentation de près de
500 millions par rapport à cette année). L'agence russe ITAR-TASS précise que
2 milliards devraient être consacrés à la mise au point d'Orion et d'Ares.
Ces déclarations ont lieu alors que le premier vice-Premier ministre russe, Sergueï
Ivanov, appelait, il y a deux semaines, Roskosmos à tirer parti de la
supériorité de l'industrie spatiale russe pour conquérir le marché mondial des
technologies spatiales. "Au fil des décennies, nous avons acquis une
expérience extraordinaire, à la fois scientifique, technologique et pratique.
Cela nous confère une avance certaine sur le marché concurrentiel des services
spatiaux", a-t-il affirmé devant les responsables de Roskosmos. Selon
certaines estimations, en 2015, la seule partie navigation de ce marché
pourrait représenter jusqu'à 60 milliards de dollars. "Il est
essentiel d'exploiter au mieux nos avantages pour nous concentrer sur la
création de produits à haute valeur scientifique et sur la mise en œuvre de
vraies offres commerciales, ce qui nous permettra d'offrir une gamme complète
de services à nos futurs clients", a-t-il ajouté. "Si nous ne le
faisons pas, nous deviendrons peu à peu un simple ‘taxi de l'espace'
qu'emprunteront les étrangers."
Rédaction
Izvestia