Japon : un militaire américain viole une adolescente
Le viol d'une adolescente par un militaire américain provoque une nouvelle vague de protestations. Malgré les promesses de Washington, le comportement de ses soldats ne s'est pas amélioré depuis les manifestations de 1995.
Un soldat américain stationné à Okinawa a été arrêté le 13 février. Il est suspecté de viol sur une adolescente de 14 ans. Devant la série d'abus sexuels impardonnables perpétrés par des soldats américains dans l'île, nous ne pouvons cacher notre colère. Selon les premiers éléments de l'enquête, le suspect, un sergent, a rencontré la collégienne dans une rue de la ville d'Okinawa et lui a proposé de la raccompagner chez elle à moto. En réalité, le soldat a tenté de l'emmener chez lui. En cours de route, l'adolescente a essayé de prendre la fuite, mais il l'a poursuivie en voiture et l'a violée.
Afin de prévenir de tels crimes, le corps des marines à Okinawa interdit aux jeunes soldats de sortir la nuit depuis juin 2004. Mais, en l'occurrence, le couvre-feu n'a servi à rien, car le suspect est âgé de 38 ans et vit en dehors de la base. Ce drame nous rappelle l'affaire de 1995, où trois marines avaient abusé d'une fillette de 12 ans. A l'époque, l'affaire avait provoqué l'ire des Okinawais, excédés par le nombre de crimes et de délits commis par des soldats américains : 85 000 personnes avaient manifesté leur colère. Par la suite, un grand nombre de voix se sont élevées dans tout le pays pour réclamer une révision des accords relatifs au statut des forces américaines au Japon, jugé partial. Il y a eu quelques améliorations comme la signature d'un accord bilatéral sur l'obligation de livrer aux autorités japonaises les soldats américains impliqués dans des actes de violence. Outre les efforts entrepris par l'armée américaine pour prévenir de nouveaux crimes, la tragédie de
Mais la situation à Okinawa ne s'est pas réellement améliorée pour autant. En octobre 2007, le fils d'un officier de l'armée de l'air américaine a été arrêté pour le viol présumé d'une employée de restaurant de la ville. En janvier 2008, deux marines ont été accusés d'avoir frappé un chauffeur de taxi et d'être partis sans payer leur course. Chaque fois qu'un délit est commis, les autorités locales et le gouvernement japonais demandent aux autorités militaires américaines de renforcer la discipline et de prendre des mesures préventives, et invariablement, l'armée obtempère. Mais de nouvelles affaires ne tardent pas à éclater et, face à cette inefficacité, la colère et la méfiance des habitants ne cessent de croître. L'île d'Okinawa abrite 75 % des installations militaires américaines du pays. La présence des marines constitue un fardeau particulièrement lourd pour la collectivité locale, car la grande majorité des crimes commis par des militaires américains sont le fait de marines. Dès lors, le ressentiment de la population à l'égard de ce corps d'armée prend de l'ampleur.
L'affaire en cours pourrait conduire les autorités d'Okinawa à durcir leur position sur le transfert à l'intérieur de l'île de la base aérienne des marines, de Futenma à Nago, ce qui pourrait nuire à la progression du redéploiement des bases américaines dans l'ensemble du pays. Conscient de la gravité de la situation, le Premier ministre, Yasuo Fukuda, a qualifié le viol de l'adolescente de crime "impardonnable" et invité l'armée américaine à prendre des mesures pour régler le problème. C'est le moment ou jamais, pour les forces américaines, de tout mettre en œuvre pour éviter qu'une telle affaire ne se reproduise. Les Okinawais ont vécu des horreurs indescriptibles pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier les suicides collectifs sous la pression des soldats japonais. Depuis la fin de la guerre, c'est de la présence des bases militaires américaines que souffre cette population. Il est grand temps pour Tokyo et Washington d'envisager de sérieux efforts en vue d'alléger la charge militaire supportée par Okinawa.