ÉTATS-UNIS • L'Iowa ne décidera de rien !

Premier test grandeur nature dans la course à la Maison-Blanche, les primaires de ce petit Etat du Midwest n'ont cependant jamais décidé du vainqueur de l'élection. Pour les candidats, le seul objectif est de ne pas en sortir perdant.

Si l'on peut tirer une quelconque leçon de l'Histoire, il faut tout d'abord rappeler que seuls environ 200 000 des quelque 3 millions d'habitants de l'Iowa – soit environ la moitié de la population de Long Beach [dans la banlieue de Los Angeles] – se rendront aujourd'hui aux urnes pour les caucus. Cette poignée d'électeurs décidera-t-elle véritablement du vainqueur des élections présidentielles de 2008, comme le laissent entendre le déchaînement médiatique et la campagne frénétique des candidats en lice dans chaque parti ? Bien sûr que non. En revanche, ils pourraient bien contribuer à en désigner les perdants.

L'Iowa n'a jamais eu la main sûre dans son choix présidentiel. Depuis que cet Etat rural s'est installé en première ligne des primaires, en 1972, un seul de ses préférés a fini par accéder à la présidence : c'était George W. Bush, en 2000.

L'Iowa, un Etat conservateur et très religieux, se distingue davantage par des anomalies comme celles constatées lors des caucus de 1988 : George Bush père, qui allait devenir le 41e président des Etats-Unis, y avait obtenu une humiliante troisième place derrière Bob Dole et le télévangéliste Pat Robertson.
C'est pourquoi on peut avoir l'impression que, dans le camp républicain, les choses semblent se jouer aujourd'hui entre Mitt Romney et Mike Huckabee, deux candidats populaires auprès de la droite religieuse et qui risquent de découvrir bientôt, comme l'avait fait Robertson, qu'il est très difficile de persuader le reste du pays d'accepter comme président un conservateur religieux.

Même si l'Iowa n'est donc que rarement un authentique oracle politique, cela ne veut pas dire qu'il ne compte pas. Le résultat des primaires ou des caucus peut torpiller une campagne, ou au contraire métamorphoser d'obscurs candidats en candidats sérieux.

En 2004, la victoire du sénateur John F. Kerry dans l'Iowa avait contribué à le propulser vers la nomination démocrate, et ce juste après la prestation de Howard Dean, qui s'était mis à hurler comme un hystérique lors d'un discours reconnaissant sa défaite – il était arrivé à la troisième place. Il n'est pas essentiel de l'emporter en Iowa, mais chacun des candidats espère au moins bien s'y comporter. L'élan (et les fonds) d'une campagne a tendance à mollir pour quiconque finit en deçà des trois premières places.

On a coutume de dire que les primaires du New Hampshire, qui ont lieu mardi 8 janvier, constituent un indicateur plus parlant des tendances au niveau national que le caucus de l'Iowa. Mais cette fois-ci on peu en douter, compte tenu de la nature ouverte de l'élection cette année. Il est beaucoup plus probable que les nominés des deux partis devront attendre encore un moment avant d'êtres connus – au moins jusqu'au "Tsunami Tuesday", le mardi 5 février, quand la Californie et vingt et un autres Etats voteront ensemble.
Ce serait un euphémisme que de parler de situation inhabituelle. En règle générale, la présidentielle fait peu de cas de l'Etat le plus peuplé du pays [la Californie], et les courses aux nominations sont déjà jouées le temps qu'arrivent les primaires californiens, en juin. Cette fois, enfin, ce pourrait être différent.

Editorial
Los Angeles Times



04/01/2008
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