Étas Unis : L'essence reste incroyablement bon marché
Les automobilistes américains ont beau se
plaindre, ils sont loin de payer leur carburant à son juste prix. De fait, le
litre d'essence vaut à peine l'équivalent de 65 centimes d'euro. Alors que,
pour un litre de Budweiser, il faut compter près de trois fois plus...
Pourtant, quel que soit le mode de calcul, l'essence est bon marché. Corrigé de l'inflation, son prix actuel est à peine supérieur à celui de 1922. Selon l'Energy Information Administration (EIA) américaine, l'essence coûtait à l'époque l'équivalent de 3,11 dollars le gallon, contre 3,77 dollars [65 centimes d'euro le litre] aujourd'hui, soit seulement 20 % de plus qu'il y a quatre-vingt-six ans.
Vu l'expansion de la demande mondiale en produits pétroliers – au premier trimestre de cette année, la consommation de pétrole de la Chine a augmenté de 16,5 % – et les coûts de plus en plus exorbitants de la prospection, de l'extraction et du raffinage, il est tout à fait logique que les automobilistes d'aujourd'hui payent plus cher leur essence que leurs grands-parents et leurs arrière-grands-parents.
Le carburant représente également un poste dérisoire dans le budget automobile. En 1975, il comptait pour 33,4 % du coût total d'une voiture (acquisition et entretien). En 2006, selon le Bureau des statistiques du transport, il ne pesait plus que 17,1 %. En revanche, les autres coûts (assurance, immatriculation, impôt, financement et entretien) ont pratiquement été multipliés par cinq. Il n'est donc pas surprenant que les Américains aient préféré les grosses voitures dotées de moteurs puissants.
Le fléchissement de la consommation de pétrole aux Etats-Unis a généralement lieu après des périodes prolongées de hausse des prix. Ces vingt dernières années, avec le carburant bon marché, les Américains ont été vraiment gâtés. Et leur frénésie d'achat a mis sur les routes des millions d'énormes 4 x 4 et autres véhicules gourmands en essence. Aujourd'hui, la hausse du prix à la pompe les contraint à s'adapter. L'EIA s'attend à présent à une baisse de la consommation d'essence – pour la première fois depuis dix-sept ans. En avril, les ventes de petites voitures aux Etats-Unis ont augmenté de 17 % par rapport à l'année dernière, tandis que celles de 4 x 4, de camions et grosses voitures chutaient de 30 %.
Et, si l'on considère le prix de l'essence dans les autres pays, les Américains sont vraiment des privilégiés. Les automobilistes britanniques paient actuellement le gallon d'essence 8,38 dollars [1,43 euro le litre]. En Norvège, grand exportateur de pétrole, les conducteurs paient 8,73 dollars [1,49 euro le litre]. En 2007, sur les 32 pays industrialisés recensés par l'Agence internationale de l'énergie, seul le Mexique était moins cher que les Etats-Unis.
Comparée aux autres carburants indispensables, l'essence paraît également bon marché. Un gallon de venti latte chez Starbucks reviendrait à 23 dollars [3,93 euros le litre], tandis que celui de Budweiser serait à 11 dollars [1,88 euro le litre].
La vérité, c'est que les Américains vont devoir s'habituer à payer plus cher leur essence. Et accepter le fait que, à 4 dollars le gallon, ils font encore une affaire. Robert Bryce
Slate