Des républicains sous le charme d'Obama

Contrairement aux idées reçues, les partisans du sénateur de l'Illinois ne sont pas tous jeunes et de gauche. Certaines figures conservatrices, dont la petite-fille du président Eisenhower, soutiennent ouvertement le candidat démocrate.

 Susan Eisenhower n'est pas qu'une républicaine déçue parmi tant d'autres. Elle est également la petite-fille du président Dwight Eisenhower et un membre convaincu du Parti républicain qui, par le passé, a appelé ses camarades à rester fidèles à leur formation politique. Mais aujourd'hui, Mme Eisenhower, qui dirige un cabinet de conseil international, soutient le candidat démocrate Barack Obama sans pour autant envisager de quitter le Parti républicain. Toutefois, Obama est, à ses yeux, le seul candidat capable de susciter un consensus national sur les sujets cruciaux comme l'énergie, le réchauffement climatique, le vieillissement de la population et le rôle des Etats-Unis dans le monde. "Barack Obama va vraiment se retrouver dans une position exceptionnelle qui lui permettra d'attirer les républicains modérés. Je voulais faire ce que beaucoup de gens ont fait pour mon grand-père en 1952. Dans sa quête pour la présidence, il avait bénéficié d'une aide formidable de la part du mouvement des démocrates pour Eisenhower. Le fait que des électeurs votent parfois pour l'autre camp est une tradition très ancienne et très honorable", assure-t-elle.

Susan Eisenhower fait partie d'un groupe certes restreint, mais symboliquement puissant, que l'on connaît sous le sobriquet d'"Obamacains". Il s'agit de républicains déçus qui prennent leurs distances à l'égard du parti tout comme l'avaient fait les démocrates en faveur d'Eisenhower ou de Reagan dans les années 1980. On y croise Tricia Moseley, républicaine de longue date, ancienne conseillère du défunt sénateur ségrégationniste de Caroline du Sud Strom Thurmond. Aujourd'hui enseignante, Tricia Moseley dit qu'elle a été séduite par les positions d'Obama sur l'éducation et l'économie. Joe Scarborough, un ancien membre républicain du Congrès, qui anime l'émission Morning Joe sur la chaîne câblée MSNBC, affirme que bon nombre de ses amis conservateurs, dont des responsables de l'équipe Bush et des chrétiens évangéliques, lui ont envoyé des courriels enthousiastes après avoir écouté les discours d'Obama au lendemain des caucus de l'Iowa et des primaires du New Hampshire et de Caroline du Sud. "Il ne s'en prend pas aux républicains, ni aux blancs, et il ne donne pas l'impression de tracer ces lignes de fracture comme Bill Clinton", affirme Joe Scarborough.

Bien sûr, beaucoup de républicains restent insensibles au charme d'Obama. D'après le Comité national républicain, une analyse récente montre que le candidat démocrate a eu tendance à voter particulièrement à gauche au Sénat en 2007. En dépit de leur petit nombre, les "Obamacains" peuvent contribuer à renforcer le message d'unité défendu par Obama et à le conforter dans sa volonté de se présenter comme "digne d'être élu". Selon son équipe de campagne, lors des caucus de l'Iowa, plus de 700 républicains se sont engagés en faveur du candidat démocrate (bien que l'on ne sache pas au final combien ont voté pour lui) ; et lors du Super Tuesday, le 5 février, dans le Colorado, plus de 500 républicains se sont déclarés prêts à changer de camp. Même s'ils ne sont pas plus nombreux à se convertir, cette main tendue risque de faire perdre du mordant aux attaques des conservateurs. Un proche de John McCain avoue répugner à s'en prendre à Obama. L'an dernier, Marc McKinnon, l'homme qui gère les spots de campagne de McCain, a rédigé un document interne promettant de ne pas tourner de clips contre le démocrate de l'Illinois s'il venait à être désigné comme candidat par son parti.

Richard Wolffe
Newsweek


14/02/2008
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