Combien d'électeurs au juste pour cette présidentielle ?

 C'est une question qui se pose de plus en plus de façon préoccupante. Le 21 septembre dernier, le premier croisement entre le nombre d'inscrits sur les listes électorales et ceux qui avaient effectivement leur carte nationale d'identité burkinabè (CNIB) donnait un corps électoral de 688 161 électeurs, sur un nombre d'inscrits de 3 330 792 personnes. Soit un inscrit sur cinq avait la CNIB. En regardant sur l'ensemble du pays, il y a des provinces où sur près de 50 000 inscrits, à peine 6000 avaient leur CNIB (exemple de la province du Tuy).

Dans le Kadiogo et au Houet, la situation n'est guère meilleure. Au Kadiogo, sur un potentiel d'électeurs inscrits de 448 089, seulement 173 473 avaient leur CNIB, le 21 septembre. Dans le Houet, sur 232 750 inscrits, 58 541 avaient une CNIB.
Le dernier croisement a eu lieu le 04 octobre passé, mais cette fois, aucun chiffre n'a été communiqué à personne. Sauf à Blaise Compaoré, sûrement, et au premier ministre. Le groupe du chef de file de l'opposition qui a rencontré la CENI, le 7 octobre, n'a pas eu droit à la nouvelle situation du fichier électoral, ou disons pour être exact, au nombre réel d'électeurs, notamment ceux des inscrits qui ont leur CNIB. Puisque sans CNIB, y a pas vote au terme du code électoral révisé en janvier 2010. On peut penser que si l'information est tenue secrète, c'est que les nouvelles ne sont pas bonnes. C'est la tradition du pays. Quand ce n'est pas bon, personne ne dit rien. Quand c'est bon, c'est avec le clairon, que l'information est donnée. On est fondé à le penser en examinant le rythme journalier de production des CNIB par l'Office national d'identification (ONI). Actuellement, la capacité journalière de l'ONI est de 20 000 cartes. Entre le 21 septembre et le 3 octobre, soit 14 jours, c'est environ 280 000 nouvelles CNIB qui ont été confectionnées. Dans ce nombre, il faut tenir compte du fait que un Burkinabè sur deux en âge de voter ne s'est pas inscrit. En considérant l'ensemble de ces données, il n'y aurait pas vraiment de quoi pavoiser. Il faut quand même se dire que si on en est venu à séquestrer l'information, même les commissaires de la CENI sont tenus dans l'ignorance, c'est que, c'est la prophétie de Michel Moussa Tapsoba qui est entrain de se réaliser. Il avait dit, souvenez-vous, que " même avec 10 personnes, l'élection aura lieu ". Eh bien, la prophétie semble se réaliser au-delà de ses espérances.

Qu'en sera-t-il si le 20 octobre prochain, soit dans moins de 10 jours, la CENI devrait n'afficher qu'un petit million d'électeurs ? Cela n'empêchera pas l'élection de se tenir, mais c'est quand même un méchant camouflet pour le grand facilitateur. Partout où il est intervenu, les citoyens se sont mobilisés pour s'inscrire et pour aller voter. Chez lui où tout va bien, ses concitoyens ne sont pas enthousiastes pour aller voter. Il y a incontestablement un malaise.
En tout état de cause, la machine électorale s'est maintenant emballée, avec la publication de la liste des prétendants autorisés à aller à la conquête du vote des Burkinabè. Même s'ils ne sont pas nombreux, ce sont eux qui vont élire le futur président du Faso.
Une autre hypothèse à ne pas écarter précipitamment. On peut aussi penser que les chiffres des recensements ne seraient pas aussi honnêtes que ça. Peut-être a-t-on gonflé les listes pour plaire à qui de droit ? En espérant que chemin faisant et devant les difficultés prévisibles, on aurait, comme le suggérait fortement la FEDAP/BC, tordu le cou au code électoral, de façon exceptionnelle et pour cette présidentielle seulement, en permettant de voter avec les actes de naissance, les jugements supplétifs et les cartes de famille. Si cela avait été possible, il n'y aurait pas eu de difficultés à remplir les cases manquantes. Mais comme cela n'est plus possible, ça ne va pas être du gâteau.

Le futur président, si le scrutin devrait s'emballer avec une bonne campagne, sera peut-être élu avec moins de 500 000 voix. Parce que pour l'instant, ce sont les grandes villes qui tirent le wagon. Au regard des chiffres actuellement disponibles, dix provinces seront celles qui imposeront le futur président : le Kadiogo (Ouaga) avec 173 473 inscrits détenteurs de CNIB, le Houet ( Bobo-Dioulasso) avec ses 58 541 inscrits détenteurs de CNIB, le Boulkiemdé (Koudougou) avec 25 175 électeurs, le Kénédougou avec 27 680 électeurs, la Comoé (Banfora) 22 448 électeurs…Les grandes régions de l'Est ont pour l'instant très peu d'électeurs. Le Gourma, la Gnagna, la Kompienga et la Tapoa totalisent pour l'instant seulement 35 000 électeurs. Si les choses devaient en rester là, le futur président pourrait être élu par les grandes villes.
Newton Ahmed Barry



31/10/2010
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