Castro contre McCain

 

Dans sa dernière "réflexion" publié dans Granma, Fidel Castro assure: "Ce n'est pas à moi de parler d'un candidat à la présidence des Etats-Unis. Je ne l'ai jamais fait. Et je ne l'aurais peut-être jamais fait" si le prétendant républicain John McCain n'avait affirmé récemment que "certains de ses compagnons avaient été torturés au Vietnam par des agents cubains. Et [si] ses apologistes et experts en publicité [n'avaient] pris l'habitude de souligner qu'il a lui aussi souffert de tortures infligées par des Cubains."

Fidel Castro s'est donc "senti obligé" d'effectuer "une analyse détaillée du candidat républicain". Le chef de l'Etat cubain a ainsi lu attentivement l'autobiographie de McCain, Faith of My Fathers [La Foi de mes pères], qu'il a fait "traduire très rapidement" pour l'occasion et vu le film télévisé basé sur les mémoires de John McCain et plusieurs fois diffusé pendant la campagne américaine.

Refaisant l'histoire de la guerre du Vietnam et celle de McCain, Fidel Castro s'adresse à l'ancien sénateur de l'Arizona : "Votre accusation contre des Cubains qui évoquaient entre eux un de leurs camarades capable de 'torturer un prisonnier jusqu'à la mort' et surnommé 'Fidel' manque du minimum d'éthique."

"Et je me permets de vous rappeler, monsieur McCain, que les commandements de la religion que vous pratiquez interdisent le mensonge. Les années de prison et les blessures que vous avez reçues [...] ne vous libèrent pas du devoir moral de dire la vérité."

Castro met ensuite McCain au défi "de trouver un seul cas de torture parmi le millier de prisonniers capturés lors des combats de la baie des Cochons. Or il s'agissait de citoyens nés à Cuba, équipés et soutenus par une puissance étrangère pour lutter contre leur propre peuple" [en 1961, des exilés cubains soutenus par la CIA avaient tenté de débarquer sur l'île]. Le Líder Máximo termine sa diatribe en demandant à McCain : "Vous qui êtes partisan de la peine de mort, [...] quelle attitude auriez-vous eu face à de tels actes ?"

 

LE REPÈRE •  Le Líder Máximo derrière son frère "Fidel Castro a été relégué à la 19e place [dans la hiérarchie gouvernementale] et c'est le président intérimaire, le général Raúl Castro, qui a obtenu le plus grand soutien populaire lors des dernières élections [parlementaires, le 20 janvier]", remarque El Nuevo Herald. Selon les résultats officiels, Raúl Castro a été élu avec 99,37 % des suffrages dans sa circonscription de la province de Santiago de Cuba, tandis que son frère Fidel n'a obtenu "que" 98,26% dans la sienne, située dans la même province. Lors de ce scrutin, les Cubains devaient élire les 614 députés de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP) parmi 614 candidats présentés sur une liste unique.

Selon le quotidien hispanique de Miami, "l'avantage de 1,11 % de Raúl sur Fidel est une situation inédite, car depuis 1976 c'était toujours le frère aîné qui obtenait les meilleurs scores". "Quatre députés ont été élus avec plus de 99 % des suffrages", indique El Nuevo Herald, qui signale également que "c'est dans les circonscriptions de La Havane qu'il y a eu le moins de bulletins valides, avec 93,6 %". "Les résultats publiés par la Commission électorale nationale laissent la voie libre à l'installation de la nouvelle Assemblée le 24 février et à l'élection du Conseil d'Etat, dont l'attrait principal est, finalement, de répondre à la question : Fidel Castro sera-t-il ou non réélu président ?" conclut le quotidien.



19/02/2008
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