Bénin : Yayi Boni veut museler la presse
Le Bureau Exécutif de l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) a suivi avec indignation et consternation les déclarations de Me Lionel AGBO, porte-parole de la Présidence de la République sur les antennes de la télévision nationale le vendredi 25 et le samedi 26 janvier 2008. A cette occasion, Me Lionel AGBO, au nom du chef de l’Etat, mettait en garde les journalistes contre les écrits futurs à propos d’informations de certaines natures et précisant surtout que dès ce lundi 28 janvier 2008, le Président de la République prendra toutes ses responsabilités face aux éventuels professionnels des médias qui se rendraient coupables de publications d’un certain contenu. Face à cette intimidation grave tendant à embrigader la liberté de presse et à mettre à mal le processus démocratique au Bénin, l’Union des Professionnels des médias du Bénin prend tout le peuple béninois, les Institutions de la République, notamment : La Haac, la Cour Constitutionnelle et le Parlement, les organisations internationales et les représentations diplomatiques à témoin de cette dérive attentatoire aux libertés chèrement conquises de hautes luttes par le peuple béninois. Le Bureau exécutif de l’UPMB rappelle au gouvernement et à l’ensemble de l’opinion publique que les acteurs des médias sont pleinement conscients des contraintes et exigences de la déontologie de leur profession et que les associations professionnelles oeuvrent inlassablement pour une prestation davantage de qualité de la part de notre presse. Voilà pourquoi les acteurs des médias du Bénin, par le biais de l’UPMB qui les représente, ne sauraient admettre aucune menace et aucune manoeuvre d’intimidation que ce soit de la part de l’exécutif. Le ton des déclarations de Me Lionel AGBO qui officie au nom du Président de la République nous fait craindre en effet une volonté de tentative de musellement de la presse qui viendrait renforcer malheureusement l’impression généralement partagée au sein de l’opinion d’un unanimisme progressif et dangereux de la part de la presse béninoise.
L’UPMB tient une fois encore à rappeler que c’est sous le régime actuel que le Bénin a reculé drastiquement dans le classement de « Reporters sans frontières ». Faut -il le faire remarquer, les arrestations et maltraitances illégales subies depuis un moment par les professionnels des médias ne sont pas étrangers à ce déclassement. Cela constitue sans nul doute un recul de la liberté de la presse et de notre processus démocratique. L’UPMB met donc en garde le gouvernement contre toute tentative de musellement de la presse et lui rappelle par ailleurs qu’il existe des voies légales de recours en cas d’infractions de presse. En tout état de cause, l’UPMB rend le gouvernement et son chef responsable des déconvenues qui pourraient résulter de manoeuvres prochaines d’intimidation des acteurs des médias. L’UPMB invite tous les professionnels des médias à se mobiliser pour des actions futures plus fortes en vue de barrer la voie à toute velléité d’embrigadement des médias.
Cotonou, le 27 janvier 2008
Le Président de l’UPMB Brice HOUSSOU