Barack et la réhabilitation de l'homme noir

 Il est un peu trop tôt pour spéculer sur cette problématique. Mais comment ne pas y penser au moment où Barack Obama, un homme noir, va franchir les portes de la Maison Blanche ? Si l'événement a pris cette ampleur, c'est certainement parce qu'il s'agit d'un Noir. Si un Asiatique avait été élu président des Etats-Unis, l'événement aurait été historique, sans conteste, mais n'aurait pas pris une telle ampleur.

Dans la civilisation de l'universelle en construction, les peuples "locomotives" sont déjà connus. Il y a d'abord et en premier lieu les occidentaux, les maîtres de l'univers et de la science. Ils sont légitimement assurés du panthéon de l'humanité. Il y a ensuite les Asiatiques qui, à travers les civilisations multiséculaires chinoises, japonaises, coréennes et j'en oublie, ont participé de façon formidable aux découvertes qui ont changé la face du monde et qui font notre monde d'aujourd'hui. Les Chinois n'ont-ils pas inventé la boussole et la poudre à canon ? Puis viennent les Arabes qui ont inventé l'alphabet et les chiffres. Et les Noirs qu'ont-ils fait ? Depuis les thèses hégéliens, on sait que le Noir est "un grand enfant" qui ne se préoccupe pas de ce qu'il va manger demain. Depuis quelque temps, des auteurs ont revisité les thèses hégéliennes et en donnent une nouvelle compréhension, notamment les travaux de Pierre Franklin TAVARES, thèse d'Etat Paris I, 1990, mais il reste que la compréhension que les contemporains de Hegel ont pu avoir de ses idées a été comme l'écrit si bien Jacques DHONDT, fondamentale et a " infléchi de manière significative l'évolution des idées et même dans une certaine mesure, a modifié le destin du monde".
Même s'il n'a pas été raciste, les thèses de Hegel ont construit une image du Noir qu'aucun détergent historique n'arrive pour l'instant à gommer.
L'un des illustres africains qui a consacré sa vie et son œuvre à la réhabilitation du Noir est mort isolé dans son propre pays. En ces moments important de l'évolution de l'humanité, il est difficile de ne pas penser à Cheick Anta Diop. On ne sait ce qu'il aurait pensé de l'élection de Barack à la présidence des Etats-Unis, mais on sait, malgré toutes les critiques qu'il a essuyé de son vivant, sur son œuvre et sa pensée, que ce qui importait pour lui, c'était de "rééduquer notre perception de l'être humain, pour qu'elle se détache de l'apparence raciale et se polarise sur l'humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques."
On ne sait pas si Barack a un jour lu le célèbre Africain, mais toute sa campagne était axée justement sur le refus de la "racialisation" de ses prétentions présidentielles. E s'il a réussi, c'est sûrement parce que beaucoup plus que d'autres "Africains américains" qui ont eu avant lui l'ambition de conquérir la Maison Blanche, son discours a été perçu comme "post racial". Un discours métis, un peu comme disait Cheick Anta Diop à propos de l'avenir de l'humanité : "La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l'humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de cause".
L'élection de Barack Obama peut être considéré de ce point de vue comme " une décolonisation des mentalités " de l'humanité à propos du Noir. Toute la vie de Cheick Anta Diop consistait simplement à rétablir la dignité de l'homme noir et c'est pourquoi il considérait qu'en "redonnant une histoire, une conscience historique aux Africains", il souhaite surtout rétablir leur dignité.
Il faut souhaiter alors que la présidence de Barack ne conduise pas à la déception. Il faut aussi souhaiter qu'il serve d'entre jean pour mettre fin sur notre continent à "une certaine gouvernance" à vie. Des démocraties multi séculaires avec des "présidents providentiels".

Newton Ahmed Barry L’Evenement



24/11/2008
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