Bande de Gaza: sans électricité, sans eau et sans espoir
Après les coupures d'électricité des quarante dernières heures, les habitants de la bande de Gaza subissent désormais une pénurie d'eau. La municipalité a besoin d'électricité pour amener l'eau dans les maisons et les gens en ont besoin pour amener l'eau dans les citernes qui sont sur les toits. Résultat, 40 % des foyers de la bande de Gaza – soit 600 000 personnes - n'avaient pas l'eau courante, le lundi 21 janvier, selon les autorités palestiniennes. Selon Oxfam International, si l'approvisionnement en carburant ne reprend pas immédiatement, l'ensemble des pompes à eau de la bande risque de s'arrêter mardi. Cette organisation non gouvernementale prévoit également un effondrement du système des égouts.
"On peut se débrouiller sans électricité, sans pain aussi", déclare un habitant du quartier Nasser, dans le nord de Gaza. "Il fait assez froid pour que la nourriture ne pourrisse pas et on essaie d'ouvrir le réfrigérateur le moins possible. Les enfants râlent mais ils peuvent apprendre à vivre sans ordinateur. Mais sans eau ?"
"On calcule tout", ajoute-t-il. "On n'allume pas le radiateur à gaz parce qu'il fera peut-être plus froid demain. On ne fait pas la cuisine longtemps. Mais devoir se demander si on va aux toilettes ? Si on se lave la figure ? C'est insupportable."
Adalah et Gisha, deux organisations israéliennes de défense des droits de l'homme, ont demandé à la Haute Cour de justice d'enjoindre provisoirement Israël de ne plus limiter les livraisons de fioul domestique à la bande de Gaza. Elles avançaient que la pénurie provoquée par le blocus israélien ces dernières semaines avait culminé avec le bouclage total et la fermeture des points de passage à la frontière, le vendredi 18 janvier, et que les coupures d'électricité avaient provoqué une pénurie d'eau potable et perturbé gravement le fonctionnement des hôpitaux dès le 5 janvier, jour où la production d'électricité avait diminué de 30 %. La Haute Cour de justice a cependant rejeté leur demande.
Les gens ont écouté sur de petits transistors les bulletins d'information d'Al-Jazira diffusés par les radios locales toute la journée. C'était leur seul lien avec le monde, car les journaux non plus n'arrivent plus dans ce territoire. Un des habitants de la ville de Gaza a entendu le ministre de la Défense israélien ordonner la reprise de l'approvisionnement en fioul alors qu'il était chez lui sur son canapé, enveloppé dans une couverture. Le chauffage était éteint depuis dimanche. Ses filles et sa femme étaient, elles aussi, emmitouflées dans des couvertures, comme la plupart des habitants de cette ville. C'est tout ce qu'ils pouvaient faire pour se protéger du froid.
Il s'est demandé si la reprise de l'approvisionnement en carburant – à condition qu'elle ait vraiment lieu – changerait le tableau qu'il voyait de sa fenêtre : un réseau de rues sombres. Et la faible lumière qui sortait des rares appartements disposant de générateurs privés ne faisait que renforcer l'obscurité qui régnait alentour.
Amira Hass
Ha'Aretz