Atténuer la souffrance des enfants en détresse



Ils ont entre 0 et 3 ans. Ils sont très souvent orphelins, abandonnés ou malnutris. Marthe Girard, la directrice du Centre d'accueil de l'enfance en difficulté et ses collaborateurs essaient de leur donner un peu d'amour.
Charrette numéro 010/03/CDPL. Attention à bord, enfants en balade! Il est 8h 30 mn ce mercredi matin. Des enfants se chahutent, rient, se tapotent avec leurs petites mains, crient et se laissent tomber. Ils sont heureux de partir en promenade en cette matinée.
A la pouponnière de Guiè, un village situé à 60 km au Nord de Ouagadougou, Marthe Girard, aidée par ses collaborateurs, leur donne de son amour et de son attention. "Nous tentons d'atténuer la souffrance des enfants ayant perdu leur mère ou ayant été rejetés ou abandonnés par leur famille", soutient Marthe Girard, directrice du Centre d'Accueil de l'Enfance en Difficulté (CAED). Son Centre accueille des enfants soit abandonnés pour des considérations sociales telles l'inceste, la non reconnaissance de paternité…, soit des orphelins qui ont perdu leur mère à la naissance, et dont la famille ne peut plus s'occuper. Sa structure créée en 1995 reçoit également quelques filles-mères chassées par leur famille. Ces dernières retournent chez elles car leur famille finit par accepter leur situation ou se marient.

Leur donner une famille

Tout ce monde est blanchi, nourri et soigné. Pour l'heure, le centre abrite près de cinquante-cinq enfants. Ces derniers sont repartis en trois sections. Les bébés de moins de 12 mois sont au nombre de 20. Ceux ayant entre 12 mois et 2 ans sont 12. Les grands enfants au nombre de 25 ont plus de 2 ans. La propreté est la règle numéro un de ce centre d'accueil. Par exemple, le sol du bâtiment des nourrissons est lavé, frotté chaque jour. Personne n'y entre sans s'être lavé les mains au savon et sans ôter ses chaussures. L'hygiène s'impose à tout le monde et surtout aux visiteurs. "Prendre soin des nourrissons demande beaucoup d'énergie et d'attention. Ils sont très fragiles. C'est pourquoi nous demandons à tout le monde de se laver les mains et d'ôter les chaussures avant d'entrer dans les dortoirs", assure Azara Sourwema, responsable de la section nourrissons.
Et chaque jour, le matin à 6h30, aidée par une quinzaine de babies-sisters, elle prépare les bains et les biberons… Quelquefois, il arrive que les petits pensionnaires soient malades. "Les enfants souffrent très souvent de bronchites, de paludisme", affirme Evelyne Zongo, l'une des deux infirmières du Centre. Là, les deux soignants font de leur mieux pour faire disparaître leurs maux. Et lorsqu'ils n'arrivent pas, les malades sont évacués à Ouagadougou soit à l'hôpital Yalgado soit à la pédiatrie Charles de Gaulle. Et quand cela se produit, toute l'équipe de la pouponnière a "de la peine. Surtout, lorsque nous perdons un enfant", affirme Evelyne.
Pour l'épanouissement de l'enfant, le CAED accepte un nourrisson orphelin et l'un de ses proches parents. La présence d'un proche est pour maintenir le lien fraternel et aussi faciliter le retour de l'enfant dans sa famille d'origine. Et lorsque l'enfant atteint 3 ans, il est remis à sa famille. "Notre priorité est de maintenir l'enfant au sein de sa cellule familiale. Nous demeurons persuadées qu'elle constitue le meilleur cadre de vie. Aussi, nous luttons contre la démission de certaines familles devant leurs responsabilités et voulons faire perdurer la solidarité familiale traditionnelle", déclare Marthe Girard. Outre le retour dans la famille d'origine, d'autres sont mis en adoption aussi bien au niveau national qu'au niveau international par le ministère de l'Action sociale. Certaines personnes voient d'un mauvais œil les actions de cette structure. Pour elles, le CAED favorise indirectement les abandons d'enfants tout comme l'irresponsabilité des parents. "Mais ne rien faire laisserait ces enfants en grand danger", leur rétorque la responsable Marthe Girard. Le gros lot des enfants de la pouponnière est constitué d'enfants abandonnés. Mais Marthe Girard se refuse de juger les auteurs. Pour elle, "L'abandon d'un enfant, c'est l'avortement du pauvre".
En plus de la pouponnière fondée en 1995, Marthe Girard gère le Centre de Récupération et d'Education Nutritionnelle (CREN) créé en 1997.

Sauver et préserver la santé

Il reçoit les enfants malnutris ou malades de la région de Guiè, accompagnés de leur mère. "Chaque nouvel enfant accueilli apporte son lot d'inquiétudes, mais également d'espoirs et de bonheur lorsqu'une maman repart avec son enfant en bonne santé ", certifie Marthe Girard, Directrice du CAED. Les malades et leurs parents demeurent au CREN en moyenne 3 semaines. Selon les prescriptions médicales, les petits malades reçoivent des soins. Les mamans sont formées à la préparation de bouillies enrichies et /ou de lait maternisé car les habitudes traditionnelles comme "La purge abusive; l'absence d'aliments solides avant le sevrage, l'interdiction de certains aliments protéiques comme la viande et les œufs étaient néfastes pour les enfants et c'est pour y remédier que les mères suivent des cours de diététique et de prévention des maladies infantiles...", assure la directrice. Ces cours permettent également de battre en brèche les fausses idées que certaines mères ont : le paludisme est dû au fait de manger des arachides fraîches ou du karité.
Une fois l'enfant rétabli, le CREN conseille aux mères de revenir au centre afin d'effectuer chaque mois une visite de contrôle. Les mères de jumeaux et les familles ayant des orphelins dont elles ne peuvent pas prendre soins reçoivent de l'aide. Celle-ci consiste essentiellement en l'apport de lait maternisé. L'octroi de cet aliment pour enfant se faisait gratuitement au début. " Mais l'on a constaté que certains adultes l'utilisaient pour délayer leur tô. Maintenant, nous exigeons que les parents paient une somme de 500 F CFA pour obtenir une boite de lait. L'assistanat n'est pas une aide. Il rend les gens dépendants", souligne Marthe Girard.
Le CAED accueille des enfants venant de villages situés dans un rayon de 50 km autour de Guiè. Cependant, il arrive que des enfants originaires de provinces plus éloignées lui soient confiés, sauf de Ouagadougou où il existe des structures appropriées. Plus de 50 bénévoles aident à prendre soin des enfants. "Je suis fière et contente de participer au bien-être des enfants ", confie Azara, sourire aux lèvres. La directrice Marthe Girard est bénévole tout comme les autres personnes qui travaillent au sein du CAED et du CREN. De fait, eux tous ne reçoivent que des indemnités variant de 30 000 à 80 000F CFA.
Les activités du CAED sont liées à celle de l'Association Zoramb Naagtaaba (AZN). Cette structure œuvre dans la promotion rurale. Son intérêt pour la petite enfance a débuté en 1993 de manière informelle. Elle voulait parer à l'urgence, c'est-à-dire sauver des enfants abandonnés, malades et malnutris.
En 12 ans d'existence, le CAED a bénéficié du soutien du ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale, par des dons financiers ou en nature et un appui technique. L'association vit en grande partie des dons de personnes de bonne volonté. En 2005-2006, leur contribution montait autour de 6 millions de F CFA. Celle des ONG telles Plan, CATHWEL, etc. et de structures internationales était d'environ 68 millions de F CFA. Le CAED est également membre de l'Union Nationale des Orphelinats du Burkina. Ramata



10/12/2007
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