365 jours pour fêter le Ghana

Ghana: 50 ans
Ghanéens et fiers de l'être
 

La fierté d'appartenir au pays de Kwamé Nkrumah se lit et s'appréhende chez les citadins d'Accra. Dignement, le pays assume son destin de première colonie d'Afrique noire indépendante. Pendant une année, les ghanéens fêteront leur 50e année d'indépendance.

"Nous sommes fiers d'être indépendant et d'avoir été la première ex-colonie d'Afrique noire à accéder à cette indépendance. Nous sommes fiers d'avoir pu nous imposer comme modèle… ", lance dignement Francis, un jeune ghanéen d'une trentaine d'année.
En ce mardi 24 avril, il est 16h. Accra est moite et chaude. L'atmosphère est lourde. Le ciel un peu gris. On a l'impression qu'une pluie se prépare. Il n'en est rien. Les rues, sans ordures, sont larges et accueillantes. La circulation est légèrement fluide. Les arbres statiques, sont toujours parés de leur drapeau aux couleurs or, sang et vert frappé d'une étoile noire. Les couleurs du Ghana. Des guirlandes multicolores habillent certains. Les lampadaires et panneaux sont parés. Le 06 mars dernier le Ghana a fêté son jubilé d'or. Pour célébrer l'événement, tous les chefs d'Etat africains ont été invités. Près d'une vingtaine était présente. Des personnalités internationales y ont été également conviées.
Des panneaux géants hissent les différents présidents du Ghana. Tous font la fierté d'un peuple. Tous ont œuvré afin que le Ghana ait 50 ans.

Se frayer un chemin…

Ce pays côtier, frontalier du Burkina Faso compte plus de 22 millions d'habitants pour une superficie de plus de 240 000 km2. Il a été la première colonie d'Afrique noire en 1957 à être indépendant.
Kwamé N'Krumah, le panafricaniste est le chantre de cet affranchissement. Le 24 février 1966, en visite officielle au Vietnam, il est victime d'un coup d'Etat. C'est le colonel Emmanuel Kwasi Kotoka, l'auteur. Cette année 66 est la source d'une série de putschs. 1981 marque le dernier en date. Et Jerry Rawlings, officier de l'armée de l'air, est resté au pouvoir pendant 19 ans. Il a été élu démocratiquement en 1992 et en 1996. En 2000, c'est John Kufuor, qui prend les rênes du destin du Ghana. Son 2e mandat s'achèvera en 2009.
Classé 136e sur 177 pays par les Nations unies, le Ghana vie une situation économique difficile. Pourtant, le pays dispose d'innombrables richesses naturelles, café, cacao, or, diamant. Sa population largement alphabétisée. L'ancien président Jerry Rawlings est déçu de la progression de son pays. "Le Ghana fait face à une corruption omniprésente à tous les niveaux, aux occasions manquées pour un progrès véritable, au népotisme, au tribalisme et à des cas avérés de meurtres et de torture (à caractère) politique", dénonce-t-il. Puis de renchérir : "Notre industrie tombe en ruines, notre éducation s'effondre et ceux qui cherchent à nous contrôler applaudissent notre façade de bonne gouvernance… Je ne peux, en conséquence, me joindre à l'équipe de M. Kufuor pour cet anniversaire. Ma conscience et mes principes me l'interdisent". Aux idées de Jerry Rawlings adhère le fils de Nkrumah, Sékou. Ce dernier a rejoint le parti de l'opposition National Democratic Congress (NDC,) de l'ancien président. Ainsi, il abandonne le Convention People's Party (CPP) de son père. C'est l'analyse des forces des partis politiques qui l'a conduit à ce changement. Pour lui, le New Patriotic Party (NPP) vend son pays à des forces impérialistes, situation qui pousse le Ghana à l'asservissement : " toutes choses contre lesquelles son père s'était élevé ". Pour Sékou Nkrumah, tous ceux qui croient aux programmes panafricanistes de Kwamé Nkrumah devaient rejoindre le NDC.

Pour sauver le monde

A ce monde politique s'accole un univers social plus détendu. 20h, ce vendredi 27 avril. Une brise douce souffle sur la ville. Les ruelles du quartier résidentiel de Osu beigne dans une légère pénombre. La lumière des lampadaires inonde Oxford road. Le monde se dépêche. Les voitures klaxonnent tous feux allumés. La musique tonne dans les débits de boissons et autres maquis. Elle est tantôt R and B, tantôt local. Femmes, hommes sont attablés. Nombreux sont ceux qui portent des T-short avec les symboles du pays ou des vêtements commémorant ce 50e anniversaire. Ils boivent. Ils mangent. La senteur des grillades de brochettes, de poisson, de poulets encense l'avenue. Cette bonne odeur s'oppose à celle puante de certaines ruelles. Quatre acrobates attirent les regards des passants. Leur corps luisant ruisselle de sueurs. Ils se tordent, se contorsionnent comme des vers de terre au soleil au son de la rythmique ghanéenne. Et arrachent des applaudissements aux spectateurs et bien sûr quelques Cedis. Time is money, job also. Ainsi, donc, tout travail mérite salaire. Au bout du Oxfard road, c'est le Kwamé Nkrumak circle. Il est environ 21h. "Venez à Jésus, fils unique du seigneur Tout puissant. Il a versé son sang pour sauver le monde", répètent inlassablement deux hommes. L'un est d'un âge plus mûr, environ la cinquantaine. L'autre plus jeune. Il a l'air d'un trentenaire. Chacun d'eux tient une bible. Ils arpentent les rues. Côtoient les vendeuses et buveurs de bandji, une boisson locale. Chantent à gorge déployée les louanges du Seigneur. Les noctambules leur prêtent à peine attention. Les deux prêcheurs changent de rue. Hélas, ils n'attirent aucun regard. Leur ferveur se déculpe. Ils chantent de plus belle, balancent les mains, lèvent les poings au ciel, puis s'agenouillent. Quelques passants s'écartent de leur chemin. Les deux hommes de Dieu se lèvent. Ils continuent leur œuvre. Les rues bruyantes rient, et dansent. Elles restent animées et éveillées jusqu'à tard dans la nuit. C'est le début du week-end. Et le lendemain samedi est un autre jour. Une autre occasion pour fêter les 50 ans du Ghana d'autant plus que ce jubilé dure une année.

Ramata.sore@gmail.com



30/05/2007
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