Un an de prison pour outrage à magistrat

Reporters sans frontières s’étonne de la condamnation d’Antoine Assalé Tiémoko, le 4 janvier 2008, par le tribunal correctionnal d’Abidjan (Sud-Est), à un an de prison ferme pour "outrage à magistrat" et "diffamation envers le parquet". Cet Ivoirien de 32 ans n’est pas journaliste, mais responsable d’une association de lutte contre les injustices et le chômage, "Ma Vie est dans ma Prise de Conscience" (MVPC), et collaborateur occasionnel du quotidien Le Nouveau Réveil. Il avait fait paraître dans la presse, le 14 décembre 2007, d’un article dénonçant la corruption du système judiciaire.

"Bien qu’Antoine Assalé Tiémoko ne soit pas journaliste, il a été condamné à une peine de prison ferme pour un délit de presse. Nous rappelons aux autorités et aux magistrats que les peines de prison sont des réponses disproportionnées dans ce genre d’affaires. Les principales organisations internationales, à commencer par l’ONU, condamnent cette pratique", a déclaré l’organisation.

Condamné à douze mois de prison ferme le 4 janvier 2008, Antoine Assalé Tiémoko était en garde à vue depuis le 28 décembre 2007, et jugé par le tribunal correctionnel d’Abidjan. Ce verdict survient après la parution d’un article intitulé "La justice, les criminels et la corruption", publié le 14 décembre 2007 dans une tribune libre du Nouveau Réveil. A mots couverts, à l’aide d’anagrammes et d’insinuations faisant croire à une histoire imaginaire dans un pays factice, baptisé "Côte de Mastodontes", l’auteur s’en est pris à la chancellerie ivoirienne, ses cadres, au procureur de la République, Tchimou Raymond Féhou, ainsi qu’à d’autres magistrats, les traitant de personnages "corrompus jusqu’à la moelle épinière". Il affirmait aussi que "ces hauts cadres prennent de l’argent aux prisonniers de la prison civile en leur promettant de faire pression sur les juges d’instruction en charge de leurs dossiers, afin que ces derniers manipulent la procédure et maquillent les crimes en délit pour minimiser les peines". L’article était illustré d’une photo du ministre de la justice, Koné Mamadou, et se terminait par : "Cette histoire est une histoire vraie. Les personnes citées existent réellement, mais toute ressemblance n’est que pure coïncidence." Lors de son procès, l’auteur n’est pas parvenu à apporter des éléments de preuve de ses affirmations.

Antoine Assalé Tiémoko est détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. "Ce n’est pas parce qu’on m’emprisonne qu’on va m’empêcher de penser", a-t-il déclaré au téléphone à un journaliste du Nouveau Réveil.

RSF



13/01/2008
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