Tan Aliz : arriérés de paie et chantage sur les fournisseurs
Trois jours de sit-in. Du 24 au 26 juillet dernier, les fournisseurs de peaux de la capitale ont manifesté leur mécontentement devant l'entrée est de la société Tan Aliz, au secteur 24. Ils étaient environ une centaine venus réclamer leur argent à Tan Aliz. Depuis avril, cette société "achète" leurs marchandises sans verser un kopeck. Ils ont été ballottés de promesses en promesses jusqu'au mois de juillet. La somme avoisinerait 800 millions de F CFA. En réaction à ce mouvement, la société a suspendu ses achats en fermant l'usine. Tout le mois d'août, l'usine est restée fermée. Pour les revendeurs, c'est un chantage inacceptable. "Non seulement, elle ne nous paie pas, mais elle sabote aussi nos marchandises en faisant en sorte qu'ils se détériorent", s'insurge un frondeur. En effet, à la suite, d'un "accord" avec les représentants des fournisseurs, seule Tan Aliz aurait le monopole de l'achat des cuirs et peaux au Burkina. En contre partie, elle s'engage à payer tous les 15 jours ses fournisseurs. Mais un mois après, la société est revenue sur ce délai en invoquant des problèmes sur le marché international. Ses clients internationaux ne paieraient pas vite, donc elle serait incapable à son niveau aussi de respecter l'échéance des deux semaines. Elle aurait unilatéralement porté le délai à un mois. Celui-ci n'a pas non plus été tenu. D'avril à août, les fournisseurs n'ont pas eu leur argent. Il leur est aussi interdit de livrer aux clients étrangers. "Quand Alizèta Gando ferme son usine, elle s'arrange avec la douane pour que nous ne puissions pas vendre avec d'autres clients. Les Nigériens qui étaient nos principaux clients ne peuvent plus venir acheter. Ceux qui osent leur livrer sont arrêtés, leurs marchandises confisquées par la douane qui les livre à la société.", explique un jeune fournisseur. Aujourd'hui, les fournisseurs exigent la fin de ce monopole. Ils invoquent la libre circulation des biens et des personnes dans l'espace UEMOA. Du reste, le monopole que la société s'est créé n'est justifié ni par une loi ni par un décret. C'est juste un accord conclu entre la société et les membres du bureau de l'association. Les militants disent qu'ils n'avaient pas été consultés avant la signature de cet accord qui octroie le monopole à Tan Aliz sur leurs marchandises. Ils accusent la société d'avoir corrompu leurs "patrons". C'est pourquoi ceux-ci n'ont pas bronché quand l'usine a "piétiné" l'accord qu'elle leur avait du reste "imposé".
C'est suite à leur manifestation que les responsables de l'usine ont commencé à se manifester. C'est le commissaire de police de l'arrondissement de Nongr-Massom qui a joué au "facilitateur". Au deuxième jour des manifs, il a proposé une rencontre avec les protagonistes. La société aurait encore promis d'apurer tous les arriérés dans le mois d'août avant de reprendre ses activités. Début septembre, les fournisseurs n'ont pas perçu la totalité de leur argent et l'usine n'a pas repris l'achat des marchandises. Contactée, la société n'a pas souhaité se prononcer.
Idrissa Barry