Sénégal : Il faut dépénaliser l'homosexualité !
Un
simple fait divers a relancé au Sénégal la question de l'homosexualité. Une
occasion que des ONG ont saisi pour exiger du Sénégal qu'il abolisse une loi
qui prévoit jusqu'à cinq ans d'emprisonnement pour tout homosexuel traduit
devant les tribunaux.
C'est
suite à la publication dans un magazine d'un dossier consacré à la question de
l'homosexualité au Sénégal, dans lequel apparaissaient des photos montrant
plusieurs personnes célébrant un mariage homosexuel présumé, que dix personnes
ont été arrêtées pour outrage à la pudeur et mariage contre nature avant d'être
relâchées en fin de semaine dernière.
La libération des personnes arrêtées le 5 février 2007 par la division des
investigations criminelles (DIC) n'a pas refroidi l'ardeur des défenseurs des
droits de l'homme. Au contraire, leurs organisations nationales et
internationales haussent le ton. Dans un communiqué conjoint, elles expriment
leurs craintes en ce qui concerne le respect de l'intégrité physique et morale
des personnes libérées. Elles ont donc demandé aux autorités sénégalaises de
condamner avec la plus grande fermeté les actes homophobes.
Mieux, ces associations plaident pour la révision du Code pénal afin d'abolir
la pénalisation des actes homosexuels. En effet, le Code pénal sénégalais
prévoit de punir les actes homosexuels de cinq années d'emprisonnement et d'une
amende de 100 000 à 1 500 000 francs CFA. La conviction des organisations de
défense des droits de l'homme est que, "en pénalisant des relations qui
relèvent de la vie privée, cette loi contrevient aux dispositions du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, en vigueur au Sénégal
depuis 1978".
Ce pacte stipule en effet, en son article 17, que "nul ne sera l'objet
d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son
domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa
réputation".
Mieux encore : les organisations de défense des droits de l'homme soutiennent
que la loi sénégalaise est "discriminatoire" et "contraire aux
dispositions de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples".
Une charte qui stipule, en son article 3, que "toutes les personnes
bénéficient d'une totale égalité devant la loi". Aussi pensent-elles que
la dépénalisation des actes homosexuels permettrait aux autorités sénégalaises
de se mettre "en conformité avec les dispositions" de textes qu'elles
ont dûment ratifié.
Elh Saidou Nourou Dia
Wal
Fadjri