Sankara et la mauvaise conscience d'un confrère français
"Médias et pouvoirs : l'indépendance des médias au XXIè siècle, regards
croisés Nord-Sud", c'est le thème d'une conférence-débat organisée à
l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar dans le cadre des activités du prix
Albert Londres. Devant près d'un millier d'étudiants et de scolaires, un
confrère de L'Expansion a fait la confession suivante : " J'ai le
sentiment qu'on m'a utilisé pour assassiner Thomas Sankara." Quand Guy
Penne vous appelle pour, dit-il, vous filer un tuyau et que par la suite, il
vous met en contact avec un responsable des services secrets qui vous oriente
sur le Burkina où, dit-il, il s'y passe des choses intéressantes
journalistiquement parlant, il y a de quoi emballer un journaliste reporter par
vocation très friand des affaires croustillantes. Et voilà notre journaliste
qui débarque à Ouagadougou, enquête sur la réalité de la révolution burkinabè
faite de goulags, de répressions contre les opposants etc. De retour dans sa
douce France, il balance dans le Figaro (il évoluait à l'époque au sein de ce
canard) un papier incendiaire contre la révolution burkinabè et son dirigeant.
Deux semaines après, le chef de la révolution burkinabè qu'il a vilipendé dans
son journal est assassiné. Que ne fut pas la colère de notre confrère qui a
tout de suite compris pourquoi on a mis tant de zèle à lui filer des tuyaux
alors que d'ordinaire, les journalistes peinent à arracher des informations. A
Dakar, il a donc décidé de soulager sa conscience en expliquant comment les
journalistes pouvaient comme lui être victime de manipulations.