Que vaut le Burkina dans le concert des nations africaines ?
Jeune Afrique, dans son dernier numéro (2607-2608), a fait le classement des 50 personnalités africaines les plus influentes. Le classement a été fait par rubrique, cinq au total et dans chaque rubrique, une dizaine de personnalités classées du 1er au dixième.
Deux observations importantes se dégagent de ce top cinquante :
La première concerne la situation de notre pays. Dans la rubrique politique, Blaise Compaoré est classée 5e des personnalités politiques qui comptent pour sa notoriété, son rôle diplomatique ou sa capacité de nuisance et un peu aussi pour sa qualité de leader d'opinion. Il est le seul Burkinabè à figurer dans le classement. Sur les quatre autres rubriques, aucun Burkinabè. Ni en business, ni dans la société civile, ni dans culture et médias. C'est une confirmation de ce que disent les partisans du président. En dehors de lui, c'est le désert. Sans lui, le chaos peut-être aussi ?
On peut se réjouir qu'un des nôtres figure en bonne place dans le top cinquante des personnalités qui comptent du continent. Mais en même temps, on peut s'inquiéter d'une telle sous représentation. Que vaut un pays qui ne compte que par un seul de ses fils ?
La deuxième observation donne tout son sens à cette interrogation.
Il apparaît dans ce classement que les pays qui comptent sur le continent sont ceux-là qui disposent de ressources humaines indéniables dans les cinq rubriques du classement :
L'Afrique du Sud d'abord, outre son président, Jacob Zuma classé deuxième homme politique influent du continent, le pays est bien représenté dans les autres rubriques, dont le tout puissant patron de la première compagnie de téléphonie mobile de l'Afrique MTN, l'honorable Phuthuma Nhleko. Ensuite vient le Nigeria, Good Luck Jonathan est à la tête d'un pays qui compte 5 représentants dans le top 50, dont le prix nobel de littérature Wole Soyinka, la directrice générale adjointe de la Banque mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala, peut-être même future directrice générale de la Banque, puisqu'elle serait actuellement bien placée pour succéder au directeur général en exercice dont le mandat, non renouvelable, arrive à terme en 2012. Deux autres Nigérians qui comptent, Arnold Ekpe, le patron de Ecobank et la première fortune de l'Afrique de l'ouest Aliko Dangote.
Le Sénégal est aussi bien représenté dans le top cinquante. Wade est un des présidents africains qui compte pour sa notoriété et il amène avec lui, Abdou Diouf, Youssou N'Dour, Akon. Le Maroc et l'Algérie sont aussi relativement bien représentés dans ce classement.
On pourra constater que les pays qui ont les meilleures ressources humaines et en nombre suffisant sont ceux là qui inspirent confiance. Le Nigeria et l'Afrique du Sud sont aujourd'hui ceux qui comptent en Afrique. Le Sénégal, avec son potentiel humain, reste incontournable quelque soit celui qui préside ses destinées.
L'Algérie et le Maroc sont deux autres "puissances africaines".
Au même titre que le Burkina Faso, certains pays ne valent que par le seul dirigeant qu'ils ont. En premier lieu Kadhafi, classé 1er des hommes politiques du continent. Il est comme Blaise Compaoré le seul représentant de son pays. Comme Blaise Compaoré, ça fait longtemps qu'il est au pouvoir et n'envisage aucunement, en tout cas pas par des procédures claires et agréées, sa succession.
Ces leaders sont forts parce qu'ils ne permettent pas l'éclosion des valeurs dans leur pays. Ils ne supportent pas qu'on leur fasse de l'ombre. Si à court terme, leur pays peut bénéficier d'eux, à moyen et à long terme, ils vont détricoter tous les bénéfices qui ont été acquis de leur fait. En la matière aussi, l'avenir et l'assurance pour une nation, c'est d'avoir ses œufs dans plusieurs paniers. Un seul panier n'est jamais une bonne assurance pour un pays, pour bien garder son patrimoine et préserver ses acquis. C'est bien d'avoir Blaise Compaoré. Mais ce serait autrement plus rassurant si nous avions des "Blaise Compaoré". Il est donc temps qu'il mette effectivement en application, ses programmes de promotion des ressources humaines. Parce qu'il est trop seul pour être utile au pays de façon durable. Justement, comment ne pas se rappeler l'exhortation de nos évêques en février dernier : "une succession de paniers contenant des équipes de qualité".
Newton Ahmed Barry