Liberia : Un journaliste déjoue un complot visant à l’assassiner
"Cette tentative d’assassinat et ce contrat sur la tête de
Sam O. Dean sont extrêmement préoccupants. Nous appelons les autorités
libériennes, qui ont déjà fait preuve de bonne volonté envers l’Independent
Newspaper en levant l’interdiction de paraître qui l’avait frappé l’année
dernière, à mener une enquête sérieuse afin que toute la lumière soit faite sur
cet incident", a déclaré l’organisation.
Dans la matinée du 30 janvier 2008, Godfrey Beyan, dit
"Spirit", un ancien général du National Patriotic Front of Liberia
(NPFL), s’est présenté dans les locaux de l’Independent Newspaper "pour
acheter de l’espace publicitaire". Une fois Spirit parti, Sam O. Dean a
été informé par un laveur de voitures, dont l’anonymat a été préservé, que
l’ancien général avait offert 1000 dollars américains à un de ses anciens
compagnons d’armes, Beyan Kamara, dit "Fifty", pour l’assassiner.
Quelques minutes plus tard, il a reçu un coup de téléphone de Godfrey Beyan
l’invitant à "venir conclure leurs négociations", et précisant que
lui-même serait absent mais "enverrait son assistant". Cet appel
visait en réalité à l’attirer à l’endroit où il devait être abattu par Fifty.
Le journaliste a immédiatement prévenu la police, qui a arrêté Beyan Kamara.
Godfrey Beyan a été appréhendé à son tour quand, sous la surveillance étroite
des policiers, son complice est venu le trouver pour l’informer que "sa
mission était accomplie" et qu’il "voulait récupérer son
argent". Une source policière a confirmé que Beyan Kamara avait avoué
s’être vu offrir 1000 dollars par Spirit pour assassiner Sam O. Dean.
L’Independent Newspaper avait fait les gros titres de la presse
libérienne en 2007, après la parution d’un article étalant au grand jour les
relations extra-conjugales d’un ministre d’Etat. Le 20 février, Sam O. Dean
avait alors été interpellé par la police. L’article était accompagné de
photographies représentant ce ministre d’Etat aux affaires présidentielles en
pleine relation sexuelle avec deux femmes. Après avoir été brièvement détenu,
le journaliste avait disparu dans la nature, et la police avait déclaré ne rien
savoir de ses agissements. Il avait alors été considéré comme fugitif, son
domicile et son bureau placés sous surveillance policière.
Parallèlement, le gouvernement avait retiré sa licence de presse
au quotidien pour une année, pour "publications immorales", et ordonné
sa fermeture. Les avocats du quotidien avaient assigné le ministère en justice,
protestant contre l’absence de jugement en bonne et due forme. L’Union de la
presse libérienne (PUL), qui avait ordonné une suspension de trois mois du
quotidien, avait également contesté le geste du ministère de la justice. En
mars, la Cour suprême avait finalement levé l’interdiction de paraître, suivie
le 30 mai par le ministère de l’Information.