"Personne…ne pourra m'empêcher de parler du sujet touareg"

Moussa kaka

"Personne…ne pourra m'empêcher de parler du sujet touareg"


L'interview a eu lieu à la prison civile de Niamey le samedi 29 décembre 2007, le 100e jour de l'emprisonnement de Moussa Kaka, directeur de la station privée Sarraounia et correspondant de RFI. Moussa Kaka est inculpé pour "complicité d'atteinte à l'autorité de l'Etat". De sa prison, il est au parfum des différentes actions de solidarité, mais aussi de dénigrement à son endroit. Moussa kaka, convaincu de la justesse de son travail de journaliste, a le moral haut. Son seul souhait : retrouver le terrain des reportages. Entretien…

Evé : Le gouvernement nigérien vous accuse d'avoir porté atteinte à son autorité. Vos activités journalistiques confirment-elles cette accusation ?

M. K. : Cela fait 15 ans que je suis correspondant de RFI et je n'ai jamais porté atteinte à l'autorité de l'Etat nigérien. Je ne fais que mon métier de journaliste. L'Etat nigérien m'a mis sur écoute et a rendu public une partie de mes conversations couvrant la période de septembre. Or pour les besoins de mon travail, je suis en contact avec les rebelles depuis février. Pourquoi alors diffuser seulement mes conversations de la période de septembre ?

Evé : Le Niger vit un conflit, pourquoi selon vous le gouvernement s'en prend-il aux journalistes ?

M. K. : Je pense qu'arrêter les journalistes ne résoud rien. Le gouvernement doit travailler avec les journalistes en leur permettant de faire des reportages. D'ailleurs, si le gouvernement ne leur facilite pas la tâche, les journalistes trouveront d'autres moyens pour donner l'information ou se rendre sur le terrain sans qu'il leur mette la main dessus. Malheureusement, les médias qui continuent de parler du conflit reçoivent toujours des menaces. C'est le cas du directeur de la radio Dounia

Evé : Certains de vos collègues évoquent et invoquent une relation de type commerciale entre vous et les rebelles Touaregs pour se désolidariser des actions menées en vue de votre libération. Quelle est la part de vérité dans cette histoire?

M. K. : Il n'y a jamais eu d'histoire d'argent entre les rebelles du MNJ et moi. Mes contacts avec eux sont purement professionnels.

Evé : Quel message avez-vous à l'endroit de vos collègues ?

M. K. : C'est le ministre de la Communication Mohamed Ben Oumar, porte parole du gouvernement, qui sème la zizanie dans la corporation en pensant rendre service au président Tandja. Il divise les journalistes. Or, je ne vois pas l'intérêt de cette division. D'ailleurs, dans une interview de Abdoulaye Tiémoko, journaliste à Télé Sahel (la télévision nationale du Niger) accordée au journal L'Observateur paalga, il m'accuse d'avoir pris de l'argent avec les rebelles. C'est une campagne d'intoxication et de dénigrement et je ne sais à quel but elle répond. J'ai suivi tous les messages de soutien des confrères du Burkina, (le journal Le pays), je les remercie tous.

Evé : 100 jours en prison, qu'est-ce qui vous manque le plus ?

M. K. : C'est le métier. Je ne sais que faire cela.

Evé : Une fois libre, quelles sont les trois principales choses que vous ferez ?

M. K. : Je ferai d'abord un bilan de santé. Je visiterai ma radio, radio Saraounia et les quatre autres antennes locales que je possède. Et je reprendrai mon métier.

Evé : Continuerez-vous à parler du conflit touareg?

M. K. : Personne ne pourra m'arrêter et m'empêcher de parler du conflit Touareg. Je connais le chemin d'Agadez pour y aller.

Propos recueillis par R.S

 

Un homme de terrain

En 1991, lors de la première insurrection au Nord du Niger, Moussa Kaka a été l'un des premiers journalistes à s'y rendre et à en parler. En 2004, Moussa Kaka a été interpellé aux fins d'interrogatoire après avoir diffusé une interview téléphonique d'un présumé rebelle appartenant à un nouveau Front de libération de l'Aïr et l'Azawad (FLAA).
D'abord journaliste à la radio nationale du Niger vers la fin des années 80, Moussa Kaka a été l'un des fondateurs de l'hebdomadaire privé Le Républicain. Il quitte ce journal pour créer la radio Saraounia du nom d'une amazone nigérienne. Cette radio est reçue dans cinq villes du Niger. Elle est l'une des plus écoutées. R. S.



18/01/2008
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