Les Français ne croient plus en Sarkozy
Le
rédacteur en chef de la Tribune de Genève est un déçu du sarkozysme.
D'abord épaté par les cinq premiers mois du président, il a vu ensuite
"émerger l'homme nu". Et il n'a pas aimé ce qu'il a découvert...
Je
ne sais pas si vous êtes comme moi. Et si oui, je ne sais pas si vous vous en
souvenez encore, mais les cinq premiers mois de Nicolas Sarkozy à la tête de
l'Etat français, je les ai trouvés époustouflants.
De mai à septembre, qu'il pilote la réforme des régimes spéciaux de retraite
"indignes" ou qu'il s'exprime, le lendemain, sur la nécessité
d'intervenir au Darfour, en passant par l'obtention d'un nouveau traité
européen... A chaque fois, il visait, parlait et tapait juste.
Et puis a commencé à émerger l'homme, nu si l'on peut présenter les choses
ainsi, dans les habits du président. Sa culture artistique ? Polnareff. L'œuvre
d'art qu'il privilégie ? Sa montre. Son lieu de célébration ? Disneyland. Son
obsession publique ? Lui.
Ainsi apparaît l'homme qui succède aux cinq présidents de la Ve République
française. De Gaulle, le géant susceptible ; Pompidou, l'intérimaire moderniste
; Giscard, le réformateur bourgeois ; Mitterrand, le lumineux réformiste
contraint ; Chirac, le passionné des terroirs. L'hyperactif Sarkozy, au
bénéfice d'une force de conviction hors du commun, peut-il s'inscrire dans la
lignée en renouvelant le genre ?
Les Français n'y croient plus, à écouter le pays et les sondages, qui placent
même le sobre Premier ministre, François Fillon, loin devant en termes
d'opinions favorables. Marre du "bling-bling", quand on parlait
pouvoir d'achat et que ce n'est pas le bruit d'une pièce qui tombe dans sa
propre tirelire. En ce qui concerne Sarkozy, le bonheur des Français a semblé
céder le pas à la jouissance personnelle ; l'activité a fait place à
l'agitation.
Il reste au président quatre ans et trois mois pour se montrer apte à la
fonction. Mais, surtout, pas de précipitation ! Il ne faut pas prendre du temps
au temps.
Tribune de Genève