Leçon de chose pour Filipe Savadogo !
Il faut croire, avec Napoléon qui parle des fusils, que l'on peut tout faire avec la presse, sauf s'asseoir dessus. Notre ministre, porte parole du gouvernement, qui avait lâché contre nous "ses presses", l'année dernière dans une affaire qu'il avait monté de toute pièce, doit être tout malheureux aujourd'hui. L'affaire telle qu'elle est relatée par notre confrère est approximativement exacte, puisqu'il ne s'agit pas d'un prêt en espèces sonnantes et trébuchantes, mais plutôt d'une vente à crédit de maison. Evidemment nos confrères ont le bénéfice de la bonne foi. Ils ont du être certainement induit en erreur par leur source. On sait dans ces situations comment les choses se passent. L'informateur laisse rarement le "document preuve" longtemps entre les mains du journaliste. Il est possible dans ces conditions que dans la relation des faits il y ait des approximations. Mais la chose devrait servir de leçon à notre bling bling de ministre. Du moins nous l'espérons.
Nous avons une très haute idée du travail de journaliste pour nous en servir comme instrument de vengeance. Il s'agit pour nous de rappeler quelques principes simples qui fondent notre métier et constituent pour tout le monde, fort ou faible, des garanties de sûreté. Il faut laisser la presse en dehors des desseins inavoués et inavouables. Quand la presse est libre et indépendante, tout le monde est en sécurité. Mais lorsqu'elle est manipulable à souhait et surtout quand il s'agit de la presse publique, personne n'est à l'abri. Surtout pas celui qui croit qu'il la manipule. C'est la tragique histoire de Guillotin. L'homme qui inventa la Guillotine.
Dans le cas qui nous concerne, on peut évidemment discuter la moralité de l'opération et elle doit l'être, mais du point de vue de la procédure, il semble que la CNSS est coutumière du fait. Elle met régulièrement en vente des maisons dans des opérations similaires. Il y a deux choses qui sont en cause dans la présente procédure.
D'abord le fait qu'apparemment les acquéreurs n'aient pas respecté leur engagement contractuel. Il était prévu un versement initial et le paiement du reliquat sur un temps donné. Beaucoup d'acquéreurs ne se sont pas acquittés de leur obligation, dont justement le ministre Philip Sawadogo. A priori cela n'en fait pas un véreux. Il ne peut pas être non plus traité de tous les noms d'oiseaux.
Le deuxième aspect délictueux de l'affaire qui est pointé par la Cour des Comptes, c'est le fait que la CNSS ne fasse apparemment rien pour rentrer dans son du. Or il s'agit de l'argent du contribuable. On ne peut pas le laisser à des individus.
On peut même croire que n'eût été la qualité des acquéreurs depuis longtemps, la machine judiciaire se serait mise en branle contre eux. Cela n'est donc pas acceptable, mais incrimine plutôt le laxisme sélectif de la CNSS.
Il reste une troisième récrimination qui est réelle celle là et qui devrait faire l'objet d'une procédure. Selon les dispositions en vigueur les hauts fonctionnaires de l'Etat ne peuvent pas prendre part à une opération du genre quand ils sont en fonction. Même quand, ils cessent le service, au ministériel ils sont astreint à des délai sde quelques années avant de prendre part à une opération semblable. Or, à l'exception de Seydou Diakité, tous les autres incriminés occupaient des postes au plus haut sommet de l'Etat, au moment où ils ont souscrit pour les maisons CNSS. Dans ces conditions la loi devrait leur être appliquée. Ils ne sont pas éligibles et devraient rendre compte.
Pour le reste, c'est la permissivité qu'il y a à la CNSS qu'il faut corriger. Il est immorale qu'une telle institution qui refuse d'élargir l'assiette des prestations aux pensionnaires se permette de telles largesses. On a même l'impression que la CNSS est plutôt chiche avec ses pensionnaires. Actuellement les locataires des maisons CNSS ont été informés d'une augmentation du loyer qui devrait passer de 50 à 80 000 Fcfa. Quand en même temps la même CNSS fait de telles largesses à des gens qui ne sont pas dans le besoin, il y a comme qui dirait, un véritable malaise. NAB http://www.evenement-bf.net/pages/facon_voir_156.htm