Le directeur deTaqadoumy détenu arbitrairement

 

Condamné le 19 août 2009 pour "atteinte aux bonnes mœurs" et devant être libéré le 24 décembre 2009 après avoir purgé sa peine de six mois d’emprisonnement, Hanevy Ould Dehah est toujours maintenu en détention à la prison de Dar Naim à Nouakchott. Seule bonne nouvelle : le directeur du site Taqadoumy a cessé, sous la pression de sa famille, la grève de la faim qui menaçait gravement sa santé. Le 14 janvier 2010, la Cour suprême s’est prononcée sur le pourvoi en cassation introduit par le Parquet. Hanevy Ould Dehah est renvoyé devant un juge d’instruction pour un nouveau procès dont la date n’a pas encore été annoncée.

"Ce maintien en détention est totalement inacceptable et scandaleux. Les autorités n’ont aucun droit de garder ce journaliste en détention après la fin légale de sa peine. Leur silence face à cette situation ne fait que prouver l’illégitimité de leur refus de libération. Nous leur demandons énergiquement de libérer immédiatement Hanevy Ould Dehah, sans quoi elles risqueraient de se mettre à dos la communauté Internet mondiale, les défenseurs des droits de l’homme et certains partenaires internationaux", a déclaré Reporters sans frontières.

Dans un entretien avec Reporters sans frontières, le 13 janvier 2010, l’avocat de Hanevy Ould Dehah, Me Brahim Ould Ebety, a annoncé qu’il comptait porter plainte devant la Cour suprême contre le procureur de la République, le procureur général, le directeur de la prison et le régisseur de la prison, qu’il estime responsables pénalement de cette détention arbitraire. De même, il engagera une action disciplinaire devant le Conseil de la magistrature si le juge n’ordonne pas la remise en liberté du directeur du site. Si ces actions n’aboutissent pas, il est prêt à saisir, entre autres, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

Devant l’illégalité de cette détention, les autorités mauritaniennes restent scandaleusement muettes et se désistent une à une de leur responsabilité, ne cherchant pas même à se justifier de leur inertie volontaire. Le ministre de la Justice s’est dit dépassé et n’être "pas au courant" de cette affaire pourtant très médiatique et grave au regard des libertés fondamentales.

L’avocat de Hanevy a tenté de lui rendre visite le 7 janvier alors que ce dernier était à la fin de sa deuxième semaine de grève de la faim, mais la prison bloquait toutes les visites durant toute la durée de la grève de la faim.

Me Brahim Ould Ebety considère que le président de la République islamique de Mauritanie, Mohammed Ould Abdel Aziz, est le responsable direct de ce maintien illégal en détention, évoquant "un règlement de comptes contre ceux qui osent s’exprimer". Il dénonce "une première détention arbitraire de la sorte et de surcroît d’un journaliste". Pour lui, c’est "un problème national très grave", qui ne sera résolu que par "une action externe très importante". "Seules les pressions internationales peuvent amener le Président à reculer. Il faut faire appel à l’Union européenne", a-t-il conclu.

Plus de renseignements sur Hanevy Ould Dehah : http://www.rsf.org/Le-directeur-de-publication-du,34247.html?var_mode=calcul et http://www.rsf.org/Le-directeur-du-site-Taqadoumy,35519.html. RSF



20/01/2010
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