L'Amérique de Bush veut s'emparer de l'espace
"C'est en toute discrétion, le vendredi
précédent le pont de Colombus Day [le deuxième lundi d'octobre, aux
Etats-Unis], que l'administration Bush a publié un document définissant la
politique spatiale des Etats-Unis pour les prochaines années. Une politique qui
rejette désormais tout accès à l'espace pour des intérêts 'hostiles aux
Etats-Unis' et qui refuse toute négociation pouvant amener à limiter l'accès
des Etats-Unis à l'espace", résume The Washington Post.
Il s'agit de la première publication du genre depuis dix ans. La précédente
émanait de l'administration Clinton, avec pour objectifs "d'améliorer la
connaissance de notre planète, du système solaire et de l'univers à travers
l'exploration humaine et technologique", ainsi que de "préserver et
renforcer la sécurité des Etats-Unis".
La nouvelle politique prônée par l'administration Bush ne retient que le
deuxième des objectifs de l'ère Clinton : "Préserver et renforcer la
sécurité des Etats-Unis." Le camp Bush va même plus loin, puisqu'il parle
de "renforcer l'avance des Etats-Unis en matière de technologie spatiale,
de maintenir leurs capacités et de protéger leurs intérêts pour les années à
venir". En outre, le nouveau texte "encourage l'investissement privé
dans l'espace".
Pour le Washington Post, "cette nouvelle définition est perçue par
beaucoup comme le signal du lancement de la guerre des armements dans l'espace,
même si la Maison-Blanche s'en défend". Ainsi, le document affirme que
"les Etats-Unis doivent bénéficier d'une liberté d'action dans l'espace
identique à celle dont ils jouissent dans l'air ou sur les mers".
"Il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui l'armée américaine utilise une
multitude de technologies passant par des satellites, que ce soit pour le
positionnement ou pour les communications", note le Washington Post.
Assurer la protection des satellites est donc essentiel en termes de défense.
Mais de là à "ouvrir la porte à la guerre de l'espace".
La diplomatie américaine semble en effet se résumer à persuader les autres pays
de soutenir la politique spatiale des Etats-Unis et de renoncer à la leur, sous
peine d'être jugés hostiles, résume le quotidien. D'ailleurs, "en octobre
dernier, quand une proposition de négociation pour interdire la prolifération
des armes dans l'espace a été soumise aux Nations unies, les Etats-Unis ont été
les seuls à voter non, contre 160 oui".