France : les socialistes sur le "bûcher des vanités"
Après trois jours de psychodrame, le Parti socialiste a décidé de s'en remettre aux militants pour départager Ségolène, Martine et Benoît. Une attitude irresponsable, juge la Tribune de Genève.
Faut-il dissoudre le Parti socialiste français, comme le suggère l'écrivain et journaliste Jean-François Kahn ? Ce n'est pas la peine. Le congrès de Reims a démontré qu'il n'est pas meilleur fossoyeur du socialisme que ce PS-là. Alors que le tsunami financier est en train de se transformer en crise économique majeure, le principal parti d'opposition en France ne trouve pas plus urgent que de flamber sur le bûcher des vanités présidentielles. Etre calife à la place de Nicolas Sarkozy, voilà l'unique préoccupation de ses dirigeants, devenus aussi crédibles que l'Iznogoud de la bande dessinée de René Goscinny ! Et les 200 000 militants qu'ils laissent dans l'ornière de leurs ego boursouflés sont de leurs soucis les infimes cadets.
Aucune divergence de fond n'explique le refus signifié par ces chefs de clan d'établir un consensus entre les différents courants du Parti socialiste français. Sur l'Europe, la façon de résoudre la crise et même l'alliance ou non avec les centristes du MoDem, les opinions des uns et des autres ne présentaient pas un écart justifiant de mettre en péril l'unité de ce parti. Ces fameuses "motions" ou professions de foi ne sont en fait que des feuilles de vigne masquant l'ambition personnelle la plus cynique.
Cette attitude est d'autant plus irresponsable que la récession économique provoquera forcément moult insatisfactions dans le camp des électeurs populaires de Nicolas Sarkozy, avec tous les risques de dérive nationaliste et de repli identitaire que comporte une telle situation. Après la crise de 1929, la gauche allemande s'était divisée. On a vu le résultat. L'Histoire ne se répète pas, dit-on. Espérons que, cette fois-ci, elle ne bégaiera pas.
Tribune de Genève