France : la gauche la plus folle du monde
Un PS coupé en deux, des haines inexpugnables. Jamais la gauche française n'avait été aussi divisée alors même que la France est confrontée à la crise économique.
C'est pire que tout ce que l'on aurait pu imaginer. Les scènes auxquelles on a assisté durant tout ce week-end au Parti socialiste français resteront gravées dans les pires annales de l'histoire politique. On avait connu le terrible duel Balladur-Chirac en 1995, on avait vécu le féroce combat Villepin-Sarkozy, dix ans plus tard. Voilà que l'on ajoute à ce sinistre palmarès la guerre Aubry-Royal. Après "la droite la plus bête du monde", voici la "gauche la plus folle du monde". Celle qui vous dégoûterait de la politique tout en prétendant la rénover. Un comble !
La gauche française avait besoin de tout sauf de cela. Déjà frappée au cœur il y a six ans, lors de l'élimination à la présidentielle de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen, elle ne s'était pas encore remise de cette blessure. Peut-être parce qu'elle n'avait pas tiré toutes les leçons de cette honteuse défaite. Voilà donc le Parti socialiste coupé en deux. Avec deux camps qui se détestent et qui ne restent plus sous le même toit que pour une seule et unique raison : seuls, ils sont actuellement trop faibles pour disputer le pouvoir à la droite en place.
Que l'élection de Martine Aubry soit validée ou que Ségolène Royal soit finalement déclarée gagnante ne changera pas grand-chose, au fond. L'une comme l'autre se sont décrédibilisées dans cette séquence. Les haines sont si vives, les coups portés si rudes, qu'on ne les voit pas se réconcilier demain, pour apprendre à retravailler ensemble comme, aux Etats-Unis, Hillary Clinton avec Barack Obama. Si elles étaient aussi désintéressées qu'elles le prétendent, pourquoi ne proposeraient-elles pas un leader de compromis ?
La crise économique qui traverse la France et la pousse vers la récession oblige l'opposition à se ressaisir. Nulle démocratie ne peut se passer de solides contre-pouvoirs – a fortiori, un régime où l'hyperprésidentialisation pose déjà question. Nicolas Sarkozy, avec son gouvernement d'ouverture, avait porté un premier coup à la gauche. Cette fois, il n'a pas dû bouger le petit doigt. Le PS s'est fait hara-kiri.
Joëlle Meskens
Le Soir