France : Guillaume Dasquié refuse de dévoiler ses sources malgré la pression de la justice
Les avocats du journaliste Guillaume Dasquié, mis en examen en décembre 2007 pour “compromission du secret-défense” et détenu 34 heures en garde à vue afin de lui faire révéler ses sources, vont déposer dans les prochains jours une requête en nullité, pour atteinte à la liberté d’expression et au respect des sources des journalistes.
« Nous soutenons la démarche de Guillaume Dasquié et de ses avocats qui invoquent les principes mêmes de la liberté d’expression pour demander l’annulation des poursuites engagées contre le journaliste », a déclaré Reporter sans frontières.
« La justice française va devoir dire si les poursuites dont Guillaume Dasquié fait l’objet sont conformes à la loi mais aussi à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, notamment en matière de protection du secret des sources des journalistes », a poursuivi l’organisation.
« Sans protection des sources, le journalisme d’investigation est condamné. C’est pourquoi, il est urgent de faire évoluer le droit français et d‘inscrire ce principe dans la loi sur la presse de 1881. Nous avons sollicité le gouvernement sur cette question et travaillons avec lui pour que cette lacune soit bientôt comblée », a conclu Reporters sans frontières.
Dans un entretien avec l’organisation de défense de la liberté de la presse, Guillaume Dasquié a fait savoir qu’il avait pu prendre connaissance, ces quinze derniers jours, de l’intégralité de l’enquête préliminaire le concernant. L’essentiel de ces deux mille pages consiste en l’examen des appels téléphoniques passés et reçus par le journaliste.
Le 5 décembre 2007, Guillaume Dasquié, cofondateur du site géopolitique.com, chroniqueur au Monde et à France Info, a été placé en garde à vue dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Pendant 27 heures, le journaliste a subi des pressions pour qu’il révèle la source grâce à laquelle il était entré en possession de notes de synthèse des services secrets, qu’il avait reproduites dans un article paru le 17 avril dans Le Monde. Intitulé "11 septembre : les Français en savaient long", il citait un rapport "confidentiel-défense" à "usage strictement national" de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), datant des années 2000 et 2001, détaillant l’état des connaissances des services secrets français sur la nébuleuse Al-Qaïda.
Rsf