Contre L’Observateur :Saboteur obtient son franc symbolique
En 35 ans d’exercice de la profession de
journalisme, c’est bien la première fois que notre journal perd un procès. A ce
jour, il en avait toujours réchappé, et pourtant Dieu seul sait combien de fois
il a été attrait devant les tribunaux. Et ironie du sort, le voilà
aujourd'hui sous le coup de la loi du fait d’une plainte déposée contre lui par
une de ses anciennes plumes, en l’occurrence Drissa Traoré dit Saboteur,
animateur en son temps d'une rubrique sportive à travers ses colonnes.
L’ancien international et ex-sélectionneur des
Etalons s’était résolu à ester en justice contre Edouard Ouédraogo, directeur
de publication du quotidien L’Observateur Paalga et Lassina Traoré, 2e
vice-président de l’Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) pour
diffamation et déclaration injurieuses. La source du litige, une tribune signée
par le 2e vice-président de l’UNSE et publiée le 6 novembre 2007 dans les
colonnes de L’Observateur sous ce titre : «Lassina Traoré à
Saboteur : Comme ton nom l’indique, c’est la pagaille qui t’arrange».
Estimant que cet écrit n’était qu’un tissu de
mensonges et d’injures qui portait atteinte à son honneur, Saboteur, par
exploit d’huissier, a cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de
Ouagadougou, l’auteur de l’article et le journal, pour diffamation et
déclarations injurieuses.
Le dossier a été appelé le 28 janvier 2008 (ndlr :
pour plus d’information, lire notre édition du mardi 29 janvier 2008). Les
débats ont duré plus de trois heures.
A la barre, Edouard Ouédraogo et son conseil, Me
Mahamoudou Bambara, ainsi que Lassina Traoré et son avocat, Me Issouf Sawadogo,
ont tenté de montrer qu’en fait, ils n’ont jamais voulu nuire à Saboteur.
L’auteur de la tribune a même demandé pardon à l’ex-entraîneur des Etalons et
justifié son écrit par le contexte national footballistique très tendu lors du
dernier semestre de 2007. Pour sa part, Saboteur et son conseil, Me Prosper
Farama, ont soutenu le contraire. Pour eux, il y a eu bel et bien diffamation
et déclarations injurieuses par voie de presse. Et ils ont été suivis en cela
par le parquet. Ce jour-là, à la fin des débats, le plaignant avait même refusé
le pardon que lui demandait Lassina Traoré. Le délibéré avait été fixé au 11
février 2008.
Hier donc, les protagonistes de ce dossier étaient
au tribunal pour prendre connaissance du verdict. Dans ses délibérations, le
tribunal a rejeté les exceptions soulevées par les prévenus et les a
déclarés coupables des faits à eux reprochés. C’est pourquoi, en répression,
Edouard Ouédraogo a été condamné à une peine d’amende de 300 000 F ;
le prévenu Lassina Traoré a écopé d’une peine de prison de 3 mois avec sursis
et d’une amende de
Saboteur a donc gagné son procès. Et
naturellement, selon son avocat, Me Prosper Farama, «mon client est
satisfait mais n’en tire aucun orgueil». Une fois encore, Me Farama a
dénoncé «l’incohérence de la loi sur la presse qui fait qu’en toute
circonstance, le journal est poursuivi comme l’auteur principal de l’infraction
tandis que l’auteur de l’écrit ne comparaît qu’en qualité de complice. Je peux
à la limite comprendre quand c’est le journal qui signe l’article. Mais quand
c’est une tribune signée par un individu qui ne fait pas partie du journal, on
doit revoir les choses. Si on maintient la législation actuelle en l’état, cela
prédispose les médias à s’autocensurer». Pour lui, ce procès montre qu’il
est temps d’aller rapidement à la dépénalisation des délits de presse.
San Evariste Barro