Contentieux autour du barrage de Yalgo
L'eau du barrage de Yalgo est devenue une denrée rare depuis l'installation de la mine. C'est l'avis des producteurs maraîchers et autres utilisateurs du barrage qui estiment que la société minière est le responsable de leur malheur depuis trois ans.
"Je n'ai rien récolté l'année dernière. J'ai perdu
La société minière reconnait utiliser l'eau du barrage. Un pipeline de 9,6km a été construit pour conduire l'eau du barrage vers un réservoir de 2 millions de m3 construit près du site d'exploitation situé dans le village de Taparko. L'eau sert à alimenter l'usine de la mine. Cependant, selon le Directeur général de la société, Marco Kelly, le pompage fait par sa société n'est pas responsable de la pénurie constatée au niveau du barrage. "Avec ou sans notre prélèvement, l'eau du barrage diminue à une certaine période de l'année", soutient-il. Du reste, il affirme que pour ses besoins, sa société tire en grande partie l'excès d'eau qui se déverse du barrage pendant la saison pluvieuse. Ce n'est pas moins de 100 millions de m3 d'eau qui traversent la digue du barrage chaque année pendant la crue, selon une étude interne de la société. La cuvette construite au niveau de la mine serait alimentée essentiellement par ces eaux de crue. Mais ce n'est pas que pendant cette période des pluies que la société minière exploite l'eau du barrage, répliquent les producteurs. En saison sèche aussi, elle pompe l'eau 24/24 pendant des semaines grâce à un groupe électrogène installé au niveau du barrage. Combien de quantités d'eau la société tire-elle pendant cette période ? Le DG répond que la quantité d'eau n'est pas très importante vu que "c'est juste un complément". Celui-ci serait de
Pour le moment, cette solution n'est pas à l'ordre du jour. Le 13 janvier dernier, la société a adressé au maire de la commune de Yalgo "une demande d'autorisation de pomper l'eau du barrage pour le traitement du minerai de l'usine". Elle précise qu'elle souhaite commencer le pompage à partir du 24 janvier. Le maire de la commune, Hamidou Yaméogo qui est également maraicher n'est pas content : "Quand ils envoient leur demande, ils ne précisent pas combien de temps cela va prendre et le volume d'eau qu'ils vont pomper. Ils ne veulent que ma signature." Sa secrétaire générale, Mme Nonkouni Louise, est encore plus amère : "C'est quand ils ont besoin de cette autorisation que nous pouvons les voir. Une fois qu'ils l'ont, c'est fini, il faut attendre qu'ils aient encore besoin d'une autre autorisation pour les revoir. Ils sont toujours injoignables ou occupés quand on veut les rencontrer.", soutient-elle. Le maire avait promis que si la société ne donnait pas les précisions sur la quantité d'eau et le nombre de jours, il n'allait pas signer l'autorisation. A la date du démarrage du pompage le 25 janvier, ces précisions étaient toujours attendues à la mairie. Selon toute vraisemblance, l'autorisation n'aurait pas été signée avant la mise en marche du groupe électrogène. Le maire était absent quand les populations ont entendu avec stupeur, le bruit de la machine, signe du pompage de l'eau. Le maire a-t-il fait signer par procuration l'autorisation ? La SG sortante (la décision de son affectation est intervenue en fin janvier) affirme ne pas avoir vu cette procuration. Le maire que nous avions rencontré avant le début du pompage nous disait son impuissance devant la société : "Même si je ne signe pas, elle [SOMITA] va pomper l'eau quand elle veut et la quantité qu'elle souhaite. Elle nous a toujours fait savoir que ce n'est pas nous qui décidons. Elle a l'autorisation en haut lieu."
Soumises à la pression des populations, les autorités communales ne savent pas quoi faire. Pendant la saison des pluies, les agriculteurs se plaignent également parce que la mine capte l'eau de la crue du barrage qui se déversait dans leurs champs. Cela aurait contribué à leurs mauvaises récoltes ces dernières années. En saison sèche, ce sont les maraichers et les éleveurs qui crient leur désapprobation. Les femmes vendeuses de tomates et d'oignons se plaignent également. Le sac d'oignon de 50kg qui coûtait