14 jours au CMA du 30
Avec les inondations du 1er septembre, le secteur de la santé a été le premier sinistré au Burkina Faso. Yalgado national, l'hôpital de référence dans le pays, a été le premier à être réduit. Le sinistre a touché et coulé le cœur du système sanitaire burkinabè dès les premiers moments, laissant le pays dans un désarroi complet. Le gouvernement a réagi comme il a pu en redéployant les services de santé dans les différentes formations sanitaires de la capitale. Le CMA du secteur
Deuxième aspect, le protocole des soins. Dans un hôpital, qui prescrit ? Qui exécute les soins ? Selon la règle, le médecin prescrit et l'infirmier soigne. Voilà le constat que nous avons fait au CMA du 30 durant notre séjour. Il faut expliquer que notre malade est une PVVIH, qui a été diagnostiquée très tardivement et qui a été admise pour anémie sévère. Quand elle arrive au CMA, sa sérologie était connue et c'est une association qui l'a référée. En plus de l'anémie, elle avait une fièvre persistante. En attendant la transfusion, le médecin soigne le paludisme avec des ampoules de quinine 0,40 par le moyen de la perfusion. Pendant près d'une semaine, la fièvre persiste et le traitement à la quinine aussi. Le huitième jour, l'infirmier, peut-être par inadvertance, met deux ampoules de quinine 0,40, en même temps, dans la perfusion. Quelques minutes après, le cœur de la malade, déjà très affaiblie, se met à battre très fort. Nous sommes paniqués et il faut trouver au plus vite l'infirmier pour voir ce qui ne va pas. Il est introuvable pendant de longues minutes. Quand il arrive, lui-même est secoué par le spectacle. Il arrête la perfusion en catastrophe, mais refuse d'admettre qu'il a pu se tromper. De toute façon, comment le confondre, puisque les soins sont faits très souvent et ne sont inscrits nulle part. La feuille de soin n'est pas remplie. Au pied du lit, il y a juste la feuille des températures. Le soin à la quinine est abandonné. Le lendemain est jour férié. Notre malade a des effleurements blanchâtres sur la langue. Elle n'arrive pas à s'alimenter. Le même infirmier est informé et prescrit immédiatement une ordonnance de trois flacons d'antibiotique. Nous risquons une question au regard de l'ordonnance, puisque le malade est déjà sous antibiotique. Nous demandons s'il soupçonnait quelque chose de particulier pour prescrire un autre antibiotique ? Réponse : "Non c'est pas mon malade. C'est le médecin qui sait de quoi il souffre". Alors pourquoi cette prescription et pourquoi autant de boites ? Pas de réponse. Nous avons, au regard de l'expérience avec la quinine de la veille, refusé d'acheter ces nouveaux médicaments. Nous attendions le médecin traitant le lendemain pour lui en parler. Peine perdue. Au CMA, le médecin n'a pas le temps pour écouter. Plusieurs tentatives ont été vaines. Le médecin en visite des malades ne parle pas. Quand il a fini, il est trop fatigué.
Au CMA du 30, autrefois une de nos meilleures structures sanitaires, les conditions se sont détériorées. Les seuls lustres de l'hôpital, c'est le personnel médical ; blouse blanche immaculée et toilette impeccable dans un environnement glauque avec des regards qui crachent des nuées de mouches juste à la porte de la salle de garde. Environnement glauque et personnel inaccessible, le malade ne semble pas être la raison de l'existence des lieux. Contre l'indigence de l'hôpital, apparemment personne ne peut rien. Mais le personnel, peut-être plus humain, plus consciencieux. Pour cela a-t-on aussi besoin d'argent ? Notre avis est que nos hôpitaux publics souffrent davantage de la sécheresse de cœur du personnel médical que de l'indigence matérielle. Bien sûr, il y a des hommes et des femmes formidables dans le lot et il faut leur rendre hommage, mais globalement il y a matière à s'inquiéter. Quelques suggestions simples. En moyenne, l'hospitalisation dans nos hôpitaux publics coûte