ZIMBABWE • Les pourparlers gouvernement -opposition sont dans l'impasse
Les discussions au sujet de la crise
zimbabwéenne qui se déroulent en Afrique du Sud sont suspendues. Le Conseil de
sécurité des Nations unies menace de reprendre les choses en main si rien
n'avance, rapporte le Mail & Guardian.
Le
mardi 29 juillet, les pourparlers au sujet de la crise politique au Zimbabwe
qui se tenaient en Afrique du Sud ont été interrompus. Les négociateurs, dont
la mission était de tenter de résoudre le conflit entre le président Robert
Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai, sont rentrés chez eux. Si le Mouvement
pour le changement démocratique (MDC) de Tsvangirai parle d'impasse, le
président sud-africain Thabo Mbeki, dans son rôle de médiateur, affirme quant à
lui que les discussions devraient se poursuivre
"Les négociateurs n'ont pas encore rendu leurs conclusions. Ils vont
attendre quelques jours parce qu'ils veulent d'abord retourner à Harare et
consulter leurs bases sur les éventuelles avancées locales, puis ils
reprendront les négociations vers la fin de la semaine", a déclaré Mbeki
aux journalistes, à Pretoria. Un peu plus tôt, George Sibotshiwe, le principal
porte-parole du MDC, avait assuré que les discussions étaient bloquées.
"Sans aborder les questions essentielles, disons simplement qu'elles sont
dans une impasse … Si les obstacles sont levés, alors les pourparlers
recommenceront", a-t-il expliqué.
"Dans leur note d'intention, les divers acteurs disaient qu'ils
s'efforceraient de mener les négociations à bien en deux semaines", a
rappelé Mbeki. "Ils sont effectivement décidés à tenir leurs engagements,
et c'est pourquoi ils continuent à discuter entre eux. En fait, ils sont
parvenus à s'entendre sur plusieurs sujets."
Morgan Tsvangirai et Robert Mugabe, âgé de 84 ans, ont signé un accord le 21
juillet dernier afin d'ouvrir des discussions sur le partage du pouvoir. Ils
sont aux prises depuis des mois sur des litiges électoraux. Si Tsvangirai
estime que sa "victoire" au premier tour de la présidentielle du mois
de mars devrait lui donner la part du lion, selon des sources proches du MDC, les
négociateurs de Mugabe ne lui offriraient pour l'instant que la possibilité de
devenir l'un des nombreux vice-présidents. "Ils ont proposé à Morgan le
poste de troisième vice-président, et rien d'autre, ce qui est manifestement
une position tout à fait inacceptable pour le MDC", a révélé une autre
source.
Karen Pierce, adjointe de l'ambassadeur britannique auprès des Nations unies, a
estimé mardi que le Conseil de sécurité se verrait contraint de reprendre en
main la question de la crise zimbabwéenne si les négociations actuelles,
orchestrées par l'Afrique du Sud, aboutissaient à un échec. Au début du mois,
la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une proposition occidentale, qui
envisageait que le Conseil de sécurité impose des sanctions à Mugabe à cause de
sa victoire électorale douteuse.
Tsvangirai a formé le MDC à la fin de
Robert Mugabe a fait fi des appels l'invitant à annuler les élections. Il les a
au contraire maintenues, et les a remportées haut la main, comme il fallait s'y
attendre, en juin dernier. Autrefois considérée comme l'un des succès de l'ère
postcoloniale, l'économie de cette ancienne colonie britannique a dégringolé
depuis que Mugabe a déclenché une réforme agraire au tournant de la décennie.
L'inflation annuelle est aujourd'hui de 22 000 %. Le chômage flirte avec les 80
%, et même des produits de première nécessité comme le pain et l'huile végétale
alimentaire viennent à manquer dans ce qui a été le grenier à blé de l'Afrique
australe. Charlotte Plantive
Mail
& Guardian