George Bush, indésirable sur le Vieux Continent

Politique étrangère, sécurité énergétique et échanges commerciaux figurent au menu du sommet annuel Union européenne – Etats-Unis, organisé ce mercredi 21 juin à Vienne. Mais la rencontre ne s'annonce pas des plus agréable pour George W. Bush, ni pour ses hôtes européens.

"Le président américain George W. Bush n'est pas le bienvenu à Vienne. Loin de là. Depuis l'invasion controversée de l'Irak, en 2003, c'est en Autriche qu'il recueille le plus faible capital sympathie du continent" européen, relève Le Soir. Situation des plus embarrassante, au moment où Bush arrive dans la capitale autrichienne à l'occasion du sommet entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis.

Il sera reçu par quelque quinze mille manifestants qui ont fait le déplacement pour protester contre les violations américaines des droits de l'homme en Irak. "Et puis, Jörg Haider, à son tour, a mis les pieds dans le plat. Dans un entretien accordé au quotidien Die Presse, le dirigeant populiste de l'extrême droite autrichienne a qualifié le président américain de 'criminel de guerre'", poursuit le quotidien belge.

Dans ce contexte tendu, la présidence autrichienne de l'Union européenne, dont le mandat s'achève le 30 juin, devra évoquer plusieurs sujets délicats avec son hôte d'outre-Atlantique. Au menu, "la crise nucléaire iranienne et le Moyen-Orient, la question des vols secrets de la CIA en Europe et celle de la prison de Guantanamo Bay", détaille Le Soir.

"Les Etats-Unis auront aussi à débattre du réchauffement climatique et de la question des énergies propres, même s'il n'y a pas d'avancées concernant le protocole de Kyoto", enchaîne The Independent. En revanche, Américains et Européens seront à l'unisson pour réclamer à la Russie l'ouverture de ses oléoducs aux compagnies étrangères, poursuit le quotidien britannique.

Pour son confrère le Financial Times, le principal sujet sur lequel Bush aura à s'expliquer sera la question des visas. "La Commission européenne envisage de prendre des mesures de rétorsion contre Washington si les ressortissants de dix pays membres de l'Union européenne ne sont pas exemptés de visas." Les Etats-Unis demandent encore aux citoyens des nouveaux pays membres de l'UE (à l'exception de la Slovénie) et à ceux de la Grèce, "déjà membre de l'Europe des Quinze", un visa d'entrée, même pour les courts séjours. Cette politique est justifiée, selon Washington, par l'insuffisance supposée des mesures de sécurité en vigueur dans ces Etats.

"Selon un responsable européen, l'une des mesures envisagées serait d'obliger les militaires, les diplomates, voire l'ensemble des citoyens américains qui se rendent dans l'Union à demander un visa Schengen", signale le quotidien financier. Ce n'est pas la première fois que la question des voyages entre le Vieux Continent et les Etats-Unis pose problème. Il y a un an, Bush avait promis de mettre un terme au système des visas à deux vitesses appliqué à l'Europe des Vingt-Cinq, rappelle le journal.

Sur le plan économique, l'UE et Washington doivent s'entendre sur un texte destiné à lutter contre la contrefaçon des médicaments et articles de luxe, ainsi que contre le piratage des œuvres musicales. A ce sujet, The Wall Street Journal publie une contribution signée par Carlos Guttierez, secrétaire d'Etat américain au Commerce, Susan Schwab, représentante américaine au Commerce, Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce extérieur, et Günter Verheugen, commissaire européen chargé de l'Entreprise et de l'Industrie. Les auteurs soulignent que le nombre des produits piratés saisis dans l'Union européenne est passé de 10 millions en 1998 à 103 millions en 2004, soit une augmentation de 1 000 %. Aux Etats-Unis, les saisies ont doublé depuis 2001.

Une initiative commune aux deux colosses du commerce international est à l'ordre du jour. "Elle repose sur une coopération douanière renforcée et sur une action qui sera menée conjointement dans les pays d'origine de la contrefaçon, pour protéger notamment la propriété intellectuelle. Américains et Européens vont ainsi mettre en place des réseaux communs de diplomates spécialisés dans la lutte contre la contrefaçon", expliquent les signataires de l'article.

Le plus inquiétant, selon eux, serait la contrefaçon de médicaments, qui représente des risques majeurs pour la sécurité et la santé des consommateurs. "Les produits contrefaits représentent 10 % du total du commerce mondial de médicaments. Selon l'Organisation mondiale de la santé, 60 % de ces produits sont commercialisés dans les pays en voie de développement."

"Le piratage est une énorme ressource pour les organisations criminelles et affecte de larges secteurs de l'économie mondiale. Mais, quand les produits contrefaits touchent certains secteurs comme les médicaments ou les pièces de rechange pour les voitures, nous dépassons le stade de l'arnaque pour atteindre celui des tragédies potentielles", s'alarment les auteurs. Les cibles prioritaires de cette action commune pour le respect des droits de propriété intellectuelle sont la Russie et la Chine, mais aussi plusieurs autres pays d'Asie, d'Amérique latine et du Moyen-Orient.

La lutte contre le piratage serait l'un des rares sujets sur lequel Américains et Européens sont d'accord. Et, selon le conseiller de Bush à la Sécurité nationale, Stephen Hadley, le président américain n'aura probablement pas grand-chose à dire sur les autres sujets, potentiellement embarrassants. Sa présence à Vienne serait essentiellement symbolique. Un prélude aux rencontres prévues début juillet avec la chancelière allemande, Angela Mekel, puis avec le président russe, Vladimir Poutine, et au sommet du G8 sous présidence russe à Saint-Petersbourg. Pour Le Soir, "le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, se serait bien passé de ce numéro d'équilibriste".

Hoda Saliby



15/01/2008
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