François Compaoré lavé au détergent "Sagnon" !
La boucle est maintenant complètement bouclée. Dans l'affaire Norbert Zongo il y avait eu un non lieu, surtout pour François Compaoré et puis incidemment pour Marcel Kafando. Mais subsistait quand même, tant que Marcel était en vie, un inconfort moral que la mort a comblé en ce mois de janvier 2010. Il faut pour enterrer définitivement cette affaire qui a empoisonné la vie des Compaoré pendant la première décennie du deuxième millénaire, vider toutes les affaires connexes du dossier "David Ouédraogo", celui par qui les malheurs de la famille ont commencé.
Dans un dossier criminel jugé clandestinement, où il n'y a pas eu d'instruction préalable et pas de mise en accusation, puisque rien n'indique que la chambre d'accusation a été saisie au préalable, comme le prévoit la procédure en cette matière, le verdict des juges de la Cour d'appel, dans l'affaire du vol des numéraires chez François Compaoré, fera jurisprudence incontestablement. C'est un jugement qui s'est tenu sans saisine préalable de la Chambre d'accusation, sans inscription du dossier au rôle, sans prévenus et sans témoins. La totale quoi, en matière de mauvaise administration de la justice. Mais ce n'est pas bien grave, notre justice survivra. Elle a survécu à pire.
Pour agir de cette façon il faut escompter un bénéfice ? Lequel ?
Dans l'analyse qu'il fait du déroulement et du verdict du procès, Germain Nama a évoqué avec raison, l'ambition et l'aveuglement d'un juge, notamment Adama Sagnon, qui dans cette affaire aura bu le calice jusqu'à la lie. En première instance, alors qu'il était procureur du Faso, il a multiplié les entraves pour orienter et étouffer le bon déroulement de la justice. Comme second responsable du parquet général à la cour d'appel de Ouaga, il a tout naturellement poursuivi et "terminé le boulot". Pour lui donc, c'est fait. Mission accomplie. Il reste maintenant à attendre sagement la récompense qui devrait être à la hauteur de ce que Germain qualifiait de "l'œuvre d'un petit juge (…) qui veut attirer l'attention sur lui". Si c'était l'objectif, c'est fait.
Il semble cependant, que le juge Sagnon, n'aurait probablement rien fait s'il n'avait senti que cela correspondait à un vœu. Ce jugement pirate n'a eu lieu que parce que celui à qui il profite en attendait un bénéfice. Alors quel bénéfice François Compaoré peut-il en tirer ?
Le verdict dans cette affaire de vol de numéraire chez lui a fini de montrer que l'engrainage qui a abouti à ses tourments, ces dix dernières années a été monté sur du faux. Dès le départ, c'était lui la victime et non l'horrible personnage que l'on s'est acharné à peindre et à présenter au monde entier. Parce que tout part de cette histoire quelque peu sordide de vol de numéraires. Personne n'avait jusque là vraiment bien compris ce qu'il en était vraiment. Quand l'histoire a été connue, les accusés avaient été déjà horriblement torturés et certains pour préserver leur vie, avaient dit ce que voulait entendre Marcel Kafando, chargé en son temps de l'instruction du dossier (lire l'interview de Hamidou Ilboudo). Puis survient l'assassinat de Norbert Zongo qui permet d'instruire véritablement cette affaire et de l'éclairer vraiment. De ce que l'on sait des instructions qui ont été conduites dans cette affaire, la véracité du vol n'a jamais pu être prouvée. Au procès de l'affaire David Ouédraogo, François Compaoré qui a comparu comme témoin n'avait pas réussi à dissiper le doute sur cette question. Il avait laissé croire que cette affaire ne l'intéressait plus.
Il faut croire que le processus qui doit le blanchir ne veut pas laisser de tâche. Il fallait nettoyer depuis le début de l'affaire. Et le début de l'affaire c'est le vol de numéraires chez lui. Ce crime commis contre lui est constitué depuis le jugement pirate de "Adama Sagnon". Il reste deux autres affaires à mettre en ordre et plus personne ne s'avisera plus à rappeler cette page sombre. D'abord l'instruction de l'atteinte à la sûreté de l'Etat. Si le vol de numéraires est maintenant constitué, les présomptions sur l'atteinte à la sûreté de l'Etat qui l'ont motivé devraient être faciles à prouver. L'explication principale au vol c'était que David Ouédraogo, cerveau du complot, avait convaincu Adama et Hamidou (tous employés de François Compaoré) de subtiliser l'argent dans l'armoire de la patronne, parce qu'il y avait un coup d'Etat en préparation qui devrait balayer les Compaoré. C'est ainsi convaincu que Adama et Hamidou seraient passés à l'acte. Le vol de numéraires a pour motif principal le coup d'Etat en préparation. Maintenant qu'il est prouvé que le projet de coup d'Etat, qui n'avait convaincu personne, a existé, c'est dans son prolongement qu'il faudra aussi chercher les commanditaires et les exécutants de l'assassinat de Norbert Zongo. Nous sommes donc à la veille de grandes révélations dans le dossier Norbert Zongo. C'est d'ailleurs depuis le départ, la ligne de défense de François Compaoré. L'assassinat de Norbert Zongo est un complot contre leur pouvoir. Voilà ce qu'il en disait dans une interview à L'Observateur Paalga: "Mais il faut se situer dans le contexte de l'époque. En effet, le problème de la tentative d'empoisonnement est intervenu juste avant l'élection présidentielle qui était boycottée par une partie de l'opposition. Si l'empoisonnement avait abouti à la mort de Norbert Zongo, comme l'espéraient ses fameux "amis sûrs", des troubles consécutifs auraient peut-être conduit au report de l'élection (…) Les pistes peuvent être donc nombreuses". Alors constat :
Les pistes qui avaient été privilégiées dans cette affaire, comme plausibles, ont toutes conduit à l'impasse. Il ne reste plus aujourd'hui que celles suggérées depuis par le camp du pouvoir. Ce sont elles qu'il faut désormais poursuivre et dans ce cas avait promit François Compaoré dans la même interview "le dossier Norbert Zongo peut avancer rapidement".
Deux choses donc à prendre en compte:
Le processus ira jusqu'au bout en blanchissant totalement François Compaoré. On y est presque.
Ensuite pour faire bonne mesure, il y aura des coupables qui seront jugés et condamnés. Après ça le dossier sera définitivement vidé. C'est du moins la stratégie qui se déroule sous nos yeux. Newton Ahmed Barry