Démolition de maisons inondables : des injustices?

 Le gouvernement met en application le décret sur la délimitation des zones de servitude pris le 19 septembre dernier suite aux inondations. Démolir les maisons dans les zones inondables. Une opération qui risque de créer des injustices dans certains quartiers. Le gouvernement ne dit pas comment cela va être évité.

Toute la presse a été conviée, très tôt le matin du 5 novembre dernier, pour assister au lancement de l'opération de démolition des maisons se trouvant dans les zones dites inconstructibles. Ce sont les habitants de la zone non aménagée familièrement appelée zone non lotie qui ont reçu la visite des bulldozers du ministère de l'habitat et de l'urbanisme. Le ministre Dabilgou de l'habitat a expliqué comment l'opération va se dérouler. Il y aura trois phases. Dans un premier temps, il s'agira de la démolition des maisons partiellement ou totalement détruites par les eaux du 1er septembre dans les zones non loties inondables. Ces zones sont déjà définies par le gouvernement dans la ville de Ouagadougou. C'est cette première phase qui a commencé ce 5 novembre avec le quartier Lanoa yiiri. Toute la zone non lotie de Lanoa Yiiri est déclarée zone inondable par le gouvernement et tous les résidents devraient donc la quitter. Un bas fond sur lequel beaucoup ont bâti leur maison. Le passage des eaux le 1er septembre est toujours visible. De nombreuses maisons se sont écroulées pour céder le passage aux eaux le jour du déluge. Le ministre a donc indiqué aux populations que ceux dont les maisons ne sont pas tombées n'ont pas à s'inquiéter pour cette première phase. Mais cela n'est qu'un sursis. La deuxième phase concerne justement cette catégorie de résidents. Cela se fera après un recensement et l'attribution de parcelles sur un autre site qui sera déterminé. L'essentiel de l'auditoire étant composé essentiellement de non francophones, c'est le maire Simon Compaoré qui a repris les différents points pour expliquer aux résidents en langue locale. Et c'est sous des applaudissements qu'ils ont entendu le maire de Ouagadougou leur dire que pour cette première phase ceux dont les maisons restent intactes peuvent rester. Et c'est encore avec plus de joie qu'ils accueillent la nouvelle sur la décision de leur attribuer des parcelles sur un autre site. "Nous savions depuis des années que nous sommes dans un bas fond. Mais nous ne savons pas où aller. Si la mairie décide de nous attribuer des parcelles sur un autre site nous ne pouvons qu'être contents. Notre déplacement ne nous pose pas de problème. Pourvu que nous ayons des parcelles. Ce que nous avons entendu ce matin nous soulage" se réjouit une dame résidente. Le bourgmestre de la capitale indique également à l'assistance que les nouvelles constructions seront également détruites. "Après les inondations, des gens ont reconstruit des habitats dans les mêmes zones malgré les interdictions. Ces maisons seront aussi rasées" a-t-il indiqué. Après cette brève explication, les deux bulls sont alors entrés en action pour terminer ce que la pluie a commencé. Sous les regards des habitants les bulls passent au terrassement des pans de murs qui ont résisté à la furie des eaux. Les nouvelles maisons reconstruites après le sinistre ne sont pas épargnées. Ainsi, l'opération de démolition des maisons des zones non loties inondables est lancée. Elle va se poursuivre dans les différents arrondissements de la ville de Ouagadougou et s'étendra jusqu'au 6 décembre. Les zones concernées sont définies. Le spectacle de ce 5 novembre a été donc une belle opération de communication pour montrer à l'opinion publique que l'Etat commence à appliquer le nouveau décret. Elle ne concerne pour le moment que les zones non loties. Dans les zones aménagées, de nombreuses zones déclarées inondables doivent être détruites. Le 15 octobre dernier, le premier ministre a rencontré la presse pour faire le point sur la gestion de la catastrophe du 1er septembre et dévoiler les mesures prises par le gouvernement pour appuyer les sinistrés dans la reconstruction. Le plafond est fixé à 280.000f pour ceux qui ont eu leurs maisons tombées. Ceux qui étaient dans les zones aménagées sur leurs propres parcelles devraient se contenter de cet appui plus une parcelle de 200m2. Ce qui a provoqué une indignation de cette catégorie de sinistrés à Ouidi , Dapoya et autres vieux quartiers dont une partie se trouve dans le lit du barrage. Ces sinistrés ne comprennent pas pourquoi ils vont être traités sur le même pied d'égalité que les autres malgré les investissements qu'ils ont réalisés sur leurs parcelles. L'opération de ce 5 novembre visait justement à préparer les esprits dans ces quartiers. Les résidents n'attendent pas se laisser faire. Dans ces quartiers, il y a deux catégories de sinistrés, ceux qui sont dans le lit du barrage non aménagé et ceux qui sont dans les zones aménagées mais inondables. A ce jour le gouvernement n'a pas dit que ces gens seront traités autrement que les sinistrés des zones non loties. Pourtant ce sont des quartiers viabilisés depuis des décennies et bon nombre de résidents disposent de leur permis urbain d'habiter (PUH) et même de titres fonciers. La municipalité le sait. Les populations de ces secteurs regrettent l'absence de concertation entre les résidents et les autorités sur la question. Elles pensent pourtant avoir leur mot à dire. C'est une information qui leur a été tout simplement donnée. Pas de discussions pour le moment, l'opération ne vise que les quartiers non aménagés de la ville de Ouagadougou. Quand est-ce que l'opération va s'étendre aux autres villes ? On ne le sait pas à ce jour. L'accent est mis sur le cas de Ouagadougou. Va-t-on attendre que ce qui s'est passé à Ouagadougou se reproduise dans d'autres villes pour penser à l'application des textes dans ces localités? On attend la suite de l'opération. MZ


19/12/2009
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