Congo RDC : lumière sur la détention au secret d’un journaliste
Dans
un courrier adressé au ministre congolais de l’Interieur, Denis Kalume Numbi,
daté du 10 avril 2008, Reporters sans frontières et son organisation partenaire
en République démocratique du Congo, Journaliste en danger (JED), ont demandé
son intervention dans l’affaire d’un journaliste et de son collaborateur
détenus.
Dans cette lettre, les
deux organisations évoquent le cas de Nsimba Embete Ponte, directeur du
bihebdomadaire privé à tirage limité L’Interprète, arrêté le 7 mars 2008 à 7
heures 30 du matin, à l’arrêt de bus dit "Pascal", dans la commune de
Masina (est de Kinshasa). Sans nouvelles de lui pendant plusieurs jours, sa
famille et ses avocats ont fini par être informés qu’il se trouvait dans un
bâtiment de l’Agence nationale de renseignement (ANR) sur le bord du fleuve
Congo, non loin de la Primature. Aucune de leurs démarches visant à connaître
le motif de sa détention ou lui rendre visite n’ont été fructueuses. Nsimba
Embete Ponte n’a eu accès ni à un avocat ni à un médecin, en violation des
articles 18 et 19 de la Constitution qui réglementent le régime de la garde à
vue et garantissent les droits des détenus.
Par ailleurs, les deux
organisations rappellent que, le 29 mars, Davin Ntondo Nzovuangu, proche
collaborateur du directeur de L’Interprète, a également été arrêté et conduit
vers une destination inconnue.
Reporters sans frontières
et JED rapportent que la MONUC avait tenté, en vain, d’obtenir des
renseignements sur la situation du journaliste et de son collaborateur.
Pourtant, "lors d’une rencontre avec des membres de l’Union nationale de
la presse du Congo (UNPC), le ministre de la Communication et des Médias,
M. Emile Bongeli, avait affirmé que Nsimba Embete était détenu en raison
de ses écrits critiquant le président de la République et qu’il s’engageait à
obtenir sa libération pour que celui-ci puisse être sanctionné par ses
pairs", ont indiqué les organisations.
"Face à une telle
opacité, (...) cette situation inquiétante doit trouver une issue rapide dans
les règles de l’Etat de droit, dont le ministère de l’Intérieur est le protecteur",
estiment Reporters sans frontières et JED. "Nos deux organisations vous
demandent de bien vouloir obtenir de vos services des informations précises sur
la situation du journaliste et de son collaborateur, et de veiller à ce que
leurs droits soient respectés. Il nous semble indispensable que Nsimba Embete
Ponte et Davin Ntondo Nzovuangu soient présentés à un juge dans les plus brefs
délais si une procédure légale sérieusement documentée a été engagée à leur
encontre. A défaut, les deux prévenus doivent être libérés", ont écrit les
organisations. RSF