"Chirac, reviens, tu es pardonné !"
La
plongée du président français dans les sondages n'a pas échappé à la presse
européenne. Le "vaudeville" de Neuilly non plus. Revue de détail d'un
impressionnant désamour.
Il
y a quelques semaines à peine, le quotidien espagnol El Mundo consacrait
un cahier spécial admiratif au président français. Il en faisait même sa
"personnalité de l'année 2007". Un titre que son principal concurrent
El País aurait préféré voir revenir roi d'Espagne, qui venait de
célébrer ses 70 ans.
Deux mois plus tard, un des pères de l'Europe, le socialiste portugais Mario
Soares, ancien Premier ministre et ancien président de son pays, prend la plume
pour le quotidien Diário de Notícias pour un éditorial intitulé "La
déception Sarkozy". "Il a fallu six mois", écrit le vieil homme,
"pour que les Français si cartésiens se rendent compte que l'erratique,
imprévisible et inquiétant Nicolas Sarkozy a de grandes chances d'être un
désastre pour la France. Il y a même des Français pour crier aujourd'hui :
'Chirac, reviens, tu es pardonné !' En six petits mois, l'homme et son style
ont été rejetés par les Français, qui déjà le méprisent."
Le quotidien britannique The Independent ne dit pas autre chose en consacrant dans son
édition du 12 février un cahier spécial à cette simple question : "Quel
est le problème, avec le président ?" Ou cette autre, plus cruelle encore
: "Est-il à la hauteur du job ?" Dans le même genre, mais en Italie
cette fois et dans les colonnes de La Repubblica, on se demande si
"le super-Sarko d'il y a quelques mois ne serait pas soudain devenu un
boulet pour les siens".
L'épisode de Neuilly, qualifié de "vaudeville" par tous les
quotidiens, a fini par symboliser ce désamour des Français et d'une partie de
la presse internationale. "On ne rigole plus", écrit Joëlle Meskens
dans Le Soir de Bruxelles, "l'Elysée ne prend plus aucun
risque, si ce n'est celui du ridicule".
Ridicule évoqué aussi dans les pages de La Libre Belgique, lorsque l'autre quotidien
francophone de Bruxelles évoque le retrait de David Martinon de la course à la
mairie de Neuilly : "Nul à Paris ne voit David Martinon maintenu très
longtemps au poste de porte-parole de l'Elysée : difficile de parler au nom de
quelqu'un qui, au pire, vous a laissé tomber, au mieux n'a pas empêché son
propre fils [Jean Sarkozy] de vous humilier en direct devant les caméras du
pays entier."
Décidément non, semble conclure La Repubblica, "le président bling-bling ne plaît
plus aux Français", alors même que, pour Le Soir, "le
psychodrame se poursuivait à Sarkoville".
Anthony Bellanger