2 après l’assassinat de Politkovskaïa, les assassins courent
A la
veille du deuxième anniversaire de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa,
journaliste du bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta et spécialiste du Caucase,
le 7 octobre 2006 à Moscou, Reporters sans frontières appelle à un sursaut
international pour obtenir justice dans cette affaire test pour la Russie.
“Alors qu’une partie du dossier va être jugée
devant un tribunal militaire et que seule une infime partie des personnes
impliquées dans ce crime figureront sur le banc des accusés, la plus grande
vigilance s’impose. L’affaire n’est pas close, loin de là. L’enquête doit se
poursuivre jusqu’à l’arrestation du tueur et des commanditaires de ce crime qui
a bouleversé l’opinion”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 6
octobre 2008, Novaïa
Gazeta, qui mène ses propres recherches, a publié un dossier spécial
faisant le point sur le dossier et les questions centrales encore en suspens.
Le responsable de l’enquête Petros Garibian officielle y confirme que le procès
devrait s’ouvrir dans les prochaines semaines devant un tribunal militaire,
l’un des accusés, Pavel Riagouzov, étant un officier des services secrets
russes (FSB) en activité. Il précise qu’il s’agira d’un procès d’assises dans
lequel siègeront des jurés. A l’instar du fils de la journaliste, Ilya
Politkovskiy, lors d’une conférence de presse organisée à Paris par Reporters
sans frontières le 3 octobre 2008, Petros Garibian déclare qu’il y a un risque
que le procès soit fermé au public, en raison notamment des documents sensibles
qui seront examinés.
Le
responsable de l’enquête a également rappelé que seulement trois personnes
seront jugées et que ni le ou les commanditaire(s), ni le tireur présumé -
Roustam Makhmoudov, qui aurait travaillé comme informateur pour Pavel Riagouzov
- ne seront sur le banc des accusés. Les trois suspects sont Djabraïl et
Ibragim Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov. Les deux premiers sont
considérés comme des complices et le dernier, un ancien policier spécialisé
dans la lutte contre le crime organisé, comme l’un des organisateurs de
l’assassinat de la journaliste.
Novaïa
Gazeta a
établi une liste des nombreuses questions restées sans réponse dans ce dossier.
Qui a ordonné la surveillance de la journaliste ? Qui est à l’origine des
fuites sur le déroulement de l’enquête, à partir d’août 2007 ? Qui a
fourni au tireur présumé, recherché depuis 1998 en Russie pour enlèvement, un
faux passeport avec lequel il aurait pu fuir à l’étranger ?