Un journal belge censuré et condamné à retirer tous ses exemplaires

 Le 4 novembre 2008 l’hebdomadaire Humo a été condamné en référé à retirer de tous les points de vente son édition du 4 novembre 2008 sous astreinte de paiement de deux cent cinquante euros par exemplaire encore disponible. Humo a appris cette décision par la presse le 4 novembre au matin. La décision officielle obtenue par requête unilatérale ne lui est parvenue qu’à 21h30. Après que le journal ait fait appel de cette décision, le président du tribunal a plafonné le montant de l’astreinte à vingt-cinq mille euros.

« Nous condamnons la décision prise par le Tribunal de première instance de Bruxelles et la disproportion de la procédure employée. La satyre est par définition indissociable de la liberté d’expression. La morale ou le bon goût ne saurait en aucun cas justifier la censure d’un média au sein d’un pays membre de l’Union européenne », a déclaré Reporters sans frontières.

« Nous sommes par ailleurs surpris du recours de plus en plus régulier à la procédure de référé, dont la conséquence est la censure, même temporaire, de médias placés dans l’incapacité de se défendre. Si cette procédure peut se justifier dans certains domaines, elle ne semble pas appropriée lorsqu’il s’agit d’information », a ajouté l’organisation.

Dans son édition du 4 novembre 2008, l’hebdomadaire a publié dans sa rubrique satirique « Het Gat van de wereld » (Le cul du monde) des montages photographiques mettant en scène le commissaire général Koekelberg et sa secrétaire Sylvie Ricour. Madame Ricour avait été écartée du sommet de la police fédérale suite à la publication dans plusieurs journaux d’informations sur le caractère éventuellement privilégié ou irrégulier de sa nomination comme secrétaire de Fernand Koekelberg. La réintégration de Madame Ricour dans ses fonctions a été ordonnée par le Conseil d’Etat.

Le 7 novembre 2008, Humo a mis en vente une nouvelle édition de son magazine, barrée d’un bandeau noir : « l’Humo censurée ». La page 175 où figuraient les montages photographiques a été maintenue mais les photos ont été recouvertes par bandeau noir « Censuré ».

Dans un communiqué du 6 novembre 2008, Humo avait réagi sur les motivations de la décision du tribunal : « Une des plus importantes motivations pour confirmer sa décision était que les personnes représentées dans le montage photo n’étaient pas des personnes publiques et que de ce fait le montage photo était un violation de la vie privée. En outre, nous sommes d’avis que Monsieur Koekelberg étant à la tête de la Police Fédérale doit être considéré comme une personne publique. Madame Ricour a donné dans un passé proche quelques interviews détaillées à la presse. De ceci on peut déduire que la partie adverse ne fuit pas l’attention médiatique, que du contraire." RSF

Lien vers un site Internet ayant mis en ligne les photos incriminées :

http://www.garagetv.be/video-galerij/bigbrother/De_verboden_Foto_HUMO.aspx



08/11/2008
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