Sankara était un ami de l'arbre

 L'environnement a constitué la trame des débats à la célébration posthume des 60 ans de Thomas Sankara. Il a été question de l'actualité de l'œuvre du chef de la Révolution burkinabè dans l'environnement de la Conférence sur les changements climatiques et les expériences présentes des femmes dans le nord du Pays.

Pour une première fois, on a célébré la naissance du père de la Révolution burkinabè. Thomas Sankara aurait eu 60 ans le 21 décembre dernier s'il était toujours de ce monde. L'actualité de ses oeuvres et le souci de mémoire ont inspiré l'artiste Sams'K le Jah qui a initié un concept appelé : " The Thomas Sankara revival, l'homme intègre ". A l'occasion, pendant 3 jours, une série d'activités ont été organisées. Une des activités a consisté à réfléchir sur l'actualité de la politique de l'environnement du Président du Conseil national de la Révolution (CNR) au regard du grand débat qui vient de se dérouler à Copenhague. Elle a eu lieu le 20 décembre dernier au Centre national de presse/ Norbert Zongo (CNP/NZ). Les communicateurs avaient pour noms Fidèle Kiéthega, député à l'Assemblée nationale, membre du bureau politique de UNIR/PS et ancien conseiller du Président Sankara, Mariam Maïga, présidente de l'association Zoodo basée à Ouahigouya dans la capitale du Yatenga et de Françoise Gérard qui a assuré la police des débats. La modératrice a lu quelques passages du discours du capitaine Thomas Sankara au " sommet de l'arbre " tenu à Paris en 1986 en guise d'introduction avant de céder la parole au député Kiéthega. Une des premières batailles du Président Thomas Sankara, devait-il affirmer, a été la plantation de 10 millions d'arbres dans le cadre du Programme populaire de développement (PPD). Chaque cérémonie marquant une occasion solennelle se terminait par une plantation d'arbres. C'est ainsi que lors des mariages, des baptêmes et pendant les présentations des lettres de créances des ambassadeurs, on était convié à planter un arbre et à se donner les moyens de l'entretenir. Les bois sacrés qui sont une notion ancestrale dans la tradition africaine avait été mis au goût du jour pour intéresser les populations à des reconstitutions de bosquets. Le mot d'ordre 8000 villages 8000 bosquets fut un succès selon l'orateur. Il l'affirme à la suite du leader de la Révolution d'Août dans des propos tenus en 1984 au sommet de l'arbre : " Chaque ville et chaque village burkinabè possède aujourd'hui un bosquet, réhabilitant ainsi une tradition ancestrale. " Dans ce contexte de préservation de l'environnement, on avait inclus " les plus jeunes organisés dans la Révolution, les pionniers ", dans l'optique qu'ils grandissent avec à l'esprit la protection de l'environnement. Avec leurs maîtres, ils entretenaient des arbres et des jardins à l'école. Dans les concessions familiales, on incitait à la création et à l'entretien de jardins potagers. Il fallait des mesures d'accompagnement non seulement pour préserver les arbres plantés, mais aussi pour protéger ce qui existait déjà. Ainsi est né le mot d'ordre des 3 luttes, a soutenu M. Kiethega. Elle concernait la lutte contre les feux de brousse, la coupe abusive des bois et la divagation des animaux. Les commerçants de bois de chauffe, selon toujours l'ancien conseiller à la présidence sous la Révolution démocratique et populaire (RDP), devait se munir d'une carte d'exploitant et des zones étaient affectées pour la coupe du bois et les zones déboisées devaient être reboisées.
Mariam Maïga, la seconde intervenante, s'est étalée sur l'expérience de son association dénommée Zoodo. L'organisation des femmes, les différentes activités menées par ces dernières et la stratégie de fonctionnement ont constitué la trame de son intervention. L'arbre joue un rôle dans la vie de l'homme surtout en campagne. Mais avant que l'association ne se crée, a-t-elle dit, ses militantes ne connaissaient pas suffisamment les vertus de l'arbre. Avec les différentes formations initiées par l'association et animées par des agents de l'environnement, elle avoue que les femmes de Zoodo se sont inscrites dans une nouvelle dynamique de protection de l'arbre. Elles savent désormais qu'il y a plusieurs qualités dans l'arbre et leur manière de l'utiliser diffère depuis qu'elles ont été sensibilisées. Tout cela pour lui permettre de se régénérer. Mais l'association de Zoodo ne s'occupe pas seulement que de la lutte contre la désertification. D'autres activités, notamment : la teinture, les pépinières, la maraichéculture sont des activités qui maintiennent les jeunes dans leurs terroirs. Les enfants ne sont pas en reste, assure la première responsable de Zoodo. On leur apprenait comment planter un arbre et comment l'entretenir. Une cotisation de 100 F est payée par les membres de l'association et cet argent est destiné aux premiers soins des militantes ou leurs enfants en cas de maladie. Au début, l'association a compté sur ses propres forces avant que les partenaires ne se manifestent. Les actions menées par ce regroupement de femmes répondent à la logique du Président Thomas Sankara qui, de son vivant, invitait les Burkinabè à ne compter que sur eux-mêmes. En visionnaire, le Président du CNR avait posé le problème crucial de l'éventualité de la désharmonie entre l'homme et la nature en indexant la catastrophe qui guette les pays pauvres et le silence coupable de certains acteurs du Nord: " La perturbation impunie de la biosphère par des rallies sauvages et meurtriers, sur terre et dans les airs se poursuit. Et l'on ne dira jamais assez, combien tous ces engins qui dégagent des gaz propagent des carnages. Ceux qui ont les moyens technologiques pour établir les culpabilités n'y ont pas intérêt et ceux qui y ont intérêt n'ont pas les moyens technologiques. Ils n'ont pour eux que leur intuition et leur intime conviction.
Nous ne sommes pas contre le progrès, mais nous souhaitons que le progrès ne soit pas anarchique et criminellement oublieux des droits des autres. Nous voulons donc affirmer que la lutte contre la désertification est une lutte pour l'équilibre entre l'homme, la nature et la société. A ce titre, elle est avant tout une lutte politique et non une fatalité. " Le député Kiéthega, pour clore le débat, a invité les uns et les autres à cesser les jérémiades et à s'engager dans des actions concrètes pour la protection de la nature. En cela, Sankara avait tracé le sillon qui mène au bonheur de son peuple. NMZ



20/01/2010
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