San Francisco tend la main à ses immigrés clandestins

 

La métropole californienne vient de lancer une nouvelle campagne de publicité pour rassurer ses sans-papier et les encourager à fréquenter, sans crainte, les services publics locaux tels qu'hôpitaux, écoles et commissariats.

La ville de San Francisco est à l'origine d'une nouvelle campagne publicitaire s'adressant spécifiquement aux immigrés clandestins. Diffusé en plusieurs langues (anglais, espagnol, chinois, russe, vietnamien), son message est simple : ici, vous êtes en sécurité.

Cette campagne, unique en son genre, prévoit la publication de brochures multilingues et l'émission sur les ondes radio de messages visant à assurer aux immigrés clandestins que la municipalité de San Francisco ne les dénoncera pas aux services fédéraux de l'immigration.

Selon le maire, Gavin Newsom, cette campagne s'inscrit dans la longue tradition de la ville de non-coopération avec les autorités de l'immigration et les autres organes fédéraux de contrôle. San Francisco a en effet voté une ordonnance dite "sanctuaire" en 1989. Reste qu'un peu de publicité ne fait pas de mal, estime son maire. "C'est une chose d'avoir une ordonnance, mais c'en est une autre de s'adresser directement aux gens concernés", explique-t-il.

La campagne vise à informer les immigrés qu'ils peuvent "accéder sans crainte" aux services publics tels que l'école, l'hôpital et, surtout, la police municipale, vis-à-vis de laquelle la méfiance des communautés immigrées a toujours été un problème chronique, à en croire les responsables locaux.

San Francisco n'est pas la seule ville sanctuaire pour les immigrés clandestins. New York, Detroit et Washington dissuadent également leurs policiers de faire appliquer la loi sur l'immigration. Mais l'annonce de cette campagne a tout de même plongé dans la consternation les groupes anti-immigration de Washington et de Californie, dont la plupart n'ont toujours pas digéré la décision de la ville, en 2007, d'accorder des cartes d'identité à toute personne pouvant attester d'un lieu de résidence, et ce quel que soit son statut.

"J'imagine qu'on pouvait s'y attendre de la part d'une ville comme San Francisco", déplore Ira Mehlman, membre de la Fédération pour une réforme de l'immigration américaine (FAIR), une organisation basée à Washington qui milite pour un renforcement des contrôles. "Aujourd'hui, ils ne se contentent plus d'aider les gens à enfreindre la loi fédérale, ils en font la publicité. Je ne connais aucune autre ville désireuse d'attirer des immigrés clandestins."

Selon Rick Oltman, responsable des relations publiques du mouvement Californians for Population Stabilization [Les Californiens pour une stabilisation de la population], une organisation basée à Santa Barbara, cette campagne pourrait être une véritable aubaine pour les autres villes de la région, qui devraient se vider de leurs populations immigrées. "Les seuls perdants, dans cette affaire, seront les habitants de San Francisco, qui ne supporteront plus ce que leur ville sera devenue d'ici deux à cinq ans, une fois que les immigrés clandestins seront arrivés en masse", prédit Oltman. Selon lui, les sans-papier ont un impact négatif sur la criminalité, l'éducation, la santé et l'environnement.

Le maire de San Francisco indique, pour sa part, que l'objectif de cette campagne est moins de favoriser l'immigration clandestine que de proposer un regard neuf sur la réalité de l'immigration. "Nous ne sommes pas contre des réformes de bon sens, explique-t-il, mais nous faisons de notre mieux pour inciter [les immigrés clandestins] à signaler les crimes quand ils en sont témoins et à scolariser leurs enfants quand ils en ont."

Jesse McKinley
The New York Times



10/04/2008
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