Lotissement : la division fiscale de Zorgho sur la sellette

L'actualité est dominée ces dernières semaines à Zorgho par des problèmes sur des ventes illicites de parcelles dans la commune. Plusieurs personnes en ont été victimes. C'est le service de la division fiscale de la province qui est sur la sellette. Une marche a été organisée par la population pour réclamer la lumière sur cette affaire.

Les populations de Zorgho sont sorties en grand nombre ce jeudi 04 septembre pour protester contre la vente illicite des parcelles dans la commune. C'était au cours d'une marche qui les a conduit devant le Haut commissariat. Des populations qui se disent excédées par les multiples problèmes qu'elles rencontrent sur la question des parcelles à Zorgho ont tenu à montrer leur ras le bol. Des propriétaires de parcelles qui détiennent des papiers en bonne et due forme se sont rendu compte que d'autres personnes détiennent également des papiers émanant du service domanial qui leur attribue les mêmes parcelles. Ces parcelles doublement attribuées sont légion dans la commune de Zorgho. Une victime raconte. "J'ai acheté ma parcelle au service des domaines. J'ai payé les taxes de jouissance. Quand j'ai commencé à construire, quelqu'un d'autre est venu me dire que c'est sa parcelle. Nous nous sommes rendus au service des domaines. Après vérification, on m'a dit que la parcelle ne m'appartient pas." Dans ce genre de situation, si certains acceptent l'arrangement à l'amiable, d'autres demandent tout simplement que la cour soit démolie. C'est contre ces pratiques dont plusieurs personnes ont été victimes que la population a voulu dénoncer à travers la marche organisée sur le haut commissariat pour exiger la lumière sur ce scandale. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est la vente de la parcelle d'un des princes de Zorgho, un certain Joanhy Kaboré vivant à Ouagadougou. Ce dernier a décidé de venir construire. Arrivé sur sa parcelle, il constate que quelqu'un d'autre est en train de confectionner des briques sur le même terrain. Après renseignement pris, c'est Sibiri Traoré, agent domanial de Zorgho, qui a vendu la parcelle à 850 000f à un certain Dieudonné Kaboré. Le chef coutumier est saisi de l'affaire. L'agent domanial est par la suite interpellé. Celui-ci, après des explications non convaincantes, se confond en excuses à travers une lettre adressée au chef de Zorgho. " Je reconnais avoir vendu les parcelles et je demande pardon. …Je compte rembourser les différents montants aux intéressés…Je demande votre clémence.", écrit-il. Il s'engage à rembourser l'argent de Dieudonné Kaboré. Mais contre toute attente, il trouve un arrangement avec ce dernier. Son argent ne lui sera pas remboursé, mais M. Traoré lui attribue deux autres parcelles sur une zone de réserve administrative bornée illégalement. M. Traoré serait le principal accusé. C'est lui qui aurait fait borner la zone qui est une réserve d'aire de jeu d'une superficie de 4 383 m2. Une zone qui n'a pourtant pas été déclassée. Parmi les complices, des noms de certains démarcheurs sont cités. Il s'agit de Issaka Kaboré dit BBC, Ganaba Souleymane, Emile kaboré et Parsoum Kaboré. Selon le service de la division fiscale, ce sont au total 8 parcelles que M. Traoré a pu dégager. Mais selon d'autres sources proches de l'intéressé, ce sont 12 parcelles qui ont pu être dégagées. Chaque parcelle aurait été vendue à environ 400 000f. Il en a vendu 10, selon une autre source qui nie l'existence des quittances parallèles dont il est aussi question dans cette affaire. Trois personnes ont déjà été remboursées par M. Traoré. Même s'il refuse de citer des complices, il avoue n'avoir pas fait le bornage de la zone de réserve tout seul : "Même si on dit que c'est moi qui ai fait ça, tous les techniciens savent qu'une seule personne ne peut pas le faire. Mais je préfère m'en remettre aux résultats de l'enquête pour que la lumière soit faite. " Son supérieur hiérarchique, le chef de la division fiscale, Pierre Guibila est soupçonné de complicité avec son agent dans cette opération illégale de vente des parcelles. Ce dernier nie catégoriquement toute implication quelconque de sa part dans cette histoire. Il dit être venu trouver une situation malheureuse qu'il a essayé de gérer au mieux.


Pierre Guibila affirme aussi n'avoir jamais été au courant de ce bornage jusqu'à ce que l'affaire soit découverte. Mais son agent a reconnu la faute et une demande d'explication lui aurait été adressée. L'agent aurait donné son explication et la lettre transmise à qui de droit. Mais déjà, la gendarmerie de Zorgho a ouvert une enquête pour faire la lumière sur l'affaire. Sibiri Traoré n'est pas à sa première faute. En 2004, il a séjourné deux mois en prison avec son ami Souleymane Ganaba et l'ex-maire de Zorgho, François Xavier Kaboré. C'était aussi pour une histoire de vente illicite de parcelles dans la commune de Zorgho. Le maire fut destitué, mais Sibiri Traoré a repris service à Zorgho. On accuse également M. Traoré de délivrer de fausses quittances aux acheteurs de parcelles pour les taxes de jouissances. Les parcelles vendues doublement et les parcelles morcelées de la zone de réserve ne sont pas reconnues au niveau de la municipalité et de la division fiscale de Zorgho. Ce qui fait penser à certains que ces quittances délivrées sont des faux papiers fabriqués pour escroquer la population. Mais nous avons pu vérifier au niveau de la division fiscale la vingtaine de quittances considérées comme frauduleuses que nous avons à notre possession. Curieusement, les souches de ces quittances existent bel et bien au niveau du service des domaines dans le bureau du chef de la division fiscale. Selon d'autres sources, pour comprendre l'affaire des zones morcelées, il faut remonter jusqu'à l'ancien maire, François Xavier. Le morcellement illégal des zones aurait commencé avec lui. Quatre zones auraient été illégalement bornées même si la plupart de ces parcelles n'ont pas pu être vendues. Dans le quartier Kandatenga, c'est une route qui aurait été bornée et quatre parcelles y ont été dégagées et vendues à un prince aussi paraît-il. M. l'ex maire nie tous ces faits et affirme avoir été victime de sa volonté d'assainir le milieu. L'enquête qui a été à l'origine de son incarcération, c'est lui qui l'aurait commanditée pour une gestion transparente des parcelles. Les autorités communales actuelles sont convaincues que l'affaire de Zorgho-centre n'est que la partie visible d'un scandale autour des parcelles qui s'étend au delà de la ville. Depuis un certain temps, les autorités commencent à enregistrer d'autres plaintes du même type, cette fois-ci venant de Sapaga. Une autre zone lotie de la commune se trouvant sur l'axe Zorgho-Koupéla. Là aussi, il est question de doubles attributions. Pour le cas de Zorgho-centre, l'affaire est devant la justice et les populations attendent son dénouement pour que les victimes soient rétablies dans leurs droits et que s'arrête la vente illicite de leur terre.
Fati Koanda



16/09/2008
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