La Communauté des Faiseurs de paix se " construit " en Côte d'Ivoire

Le projet Peace counts ; en français, les Faiseurs de paix ; a fait escale à Abidjan en Côte d'Ivoire du 11 au 28 mars dernier. Dans ses valises, une dizaine de photos d'hommes, ambassadeurs de la paix, à la quête de l'apaisement et de la quiétude pour leurs semblables. Des membres du Réseau informel des journalistes du Burkina (RIJ) ont participé à cette exposition et cela grâce à l'invitation de l'Institut Goethe d'Abidjan, et aux soutiens des deux compagnies burkinabè que sont Air Burkina et Telmob.

Palestiniens et Juifs se sont affrontés trois jours, pour la conquête de la terre sainte dans une pièce sur initiative de la ''School for peace''. Après réflexions et discussions sur le rôle de chacun dans la perpétuation du conflit, l'on se rend compte que l'on peut vivre ensemble. C'est la victoire de la parole simplement en parlant.
Au Nord-Mali, le médiateur Yéhia Ag Mohammed Ali, faiseur de paix, aide à résoudre les différends entre groupes ethniques. Seuls les groupes qui ont réussi à régler leurs conflits par des moyens pacifiques reçoivent l'aide de la GTZ, une structure de la coopération allemande. Ainsi, des points d'eau, des hôpitaux et écoles ont été construits pour ces populations reconciliées.
Toutes ces actions sont des images retraçant les actes de paix et de réconciliations engagés par des individus ou des structures.
"C'est une exposition que je trouve très belle, elle est sobre et chaque image a sa charge de spécificité. Ce sont des images qui se rapportent à des pays, à des contextes différents. Ces images saisissantes nous plongent avec beaucoup de profondeurs et on comprend que nous ne sommes pas seuls sur la route de la recherche de la paix", affirme le professeur Yacouba Konaté de l'Université de Cocody. Par le biais de cette exposition, le projet allemand, Peace Counts, veut montrer des initiatives de paix réussies dans le monde et les rendre accessibles à des millions de gens toujours en conflit. "Notre exposition montre les meilleurs reportages réalisés dans des régions en crise. Les guerres sont devenues des spectacles médiatiques. Elles nous fascinent avec des images de bombes qui explosent, de personnes qui se menacent et se tuent. La paix est discrète. Elle peut cependant être représentée de façon captivante et enchanter.", confie Tilman Wörtz, l'un des photographes ayant participé à Peace Counts. Des photographes et des journalistes allemands ont durant quatre années parcouru le monde. Ils ont enquêté sur plus de 40 faiseurs de paix dans des régions en crise. Chacun de ces pacificateurs a développé ses propres méthodes pour résoudre sans violence des conflits sanglants.

Des guerriers devenus faiseurs de paix

Peace Counts se veut comme la voix de tous ceux qui, grâce à leur énergie, leur courage et leur patience, sont parvenus à de tels succès. C'est donc pour faire des émules en Côte d'Ivoire, que l'Institut Goethe d'Abidjan a organisé cette exposition "pour sensibiliser et éduquer à un retour à la paix. C'est notre contribution au processus de paix en Cote d'ivoire", assure Verena Passig-Oulai, directrice de l'Institut Goethe d'Abidjan.
Pour le photographe allemand Tilman Wörtz qui a participé à la réalisation des photos et des articles, "cette exposition se veut comme une source d'inspiration pour la Côte d'Ivoire". Le photographe a émis la possibilité pour Peace Counts de parcourir la Côte d'Ivoire pour identifier et mettre au jour les personnes ou structures travaillant à ramener la paix et la solidarité dans le cœur des Ivoiriens et des peuples frères.
Convaincue qu'il n'y a de cohabitation durable que si les perspectives économiques sont bonnes, la GTZ a mis en place dans 8 régions agricoles de la Côte d'Ivoire (San-pedro, Soubré, Tabou, Sassandra, Duékoué, Bloléquin et Toulepleu) un projet intitulé "préventions des crises et de consolidation de la paix". Ces régions sont celles où les conflits fonciers sont légions et où bon nombre d'Ouest africains et certains Ivoiriens ont été expropriés de leur terre. Ce projet est financé à hauteur de 3 milliards de F CFA sur trois ans (2007-10). Son contrat d'exécution a été signé en novembre 2006.
Outre cette action de la GTZ, les politiques ivoiriens s'efforcent également de ramener la paix dans leur pays. A cet effet, Charles Blé Goudé, leader de l'Alliance des jeunes patriotes et directeur général de la société de communication politique "Leader's Team Associated", a été fait le 04 mars 2007, ambassadeur de la paix par le Pr Sébastien Dano Djédjé, ministre ivoirien de la Réconciliation nationale et des relations avec les institutions. Ce même ministre a nommé Sidiki Konaté, ministre du Tourisme et de l'Artisanat et membre des Forces nouvelles, ambassadeur de la paix le 10 mars 2007.
Blé Goudé, après les marches et autres meetings, est devenu écrivain, et maintenant manageur. Il a lancé par le biais de son agence de communication, une foire de l'emploi. Il veut offrir aux jeunes ivoiriens les instruments d'une prise en charge afin de rompre avec la politique de la main tendue. Nombreux sont ceux qui s'étant engagés dans la lutte patriotique se disent "des laissés-pour-compte". Aussi, attendent-ils que la République leur vienne en aide en monnaies sonnantes et trébuchantes.
Laurent Gbagbo, lui-même, est devenu faiseur de paix. Il a "opéré" au mois de mars de cette année, une réconciliation entre deux villages ennemis de la région de Bondoukou, en usant du concept de développement local. "On sort de la guerre. Il faut indiquer qu'on sort de la guerre par les actes. Des amis sont venus me voir. Nous avons décidé de faire un peu le tour d'Abidjan by night pour indiquer aux Ivoiriens que la guerre est finie, les Abidjanais le savent et pour que tous les autres le sachent ; qu'ils peuvent sortir, ils peuvent s'amuser, et que la vie reprend le dessus. Ce n'est pas seulement Pâques mais c'est la résurrection de la Côte d'Ivoire ", a déclaré Laurent Gbagbo aux journalistes aux environs de une heure du matin. Dans une vidéo du site Abidjan.net reprenant le journal de la télévision ivoirienne, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et l'ancien ministre français de la Culture sous François Mitterrand, Jack Lang, le vendredi 28 mars 2008, semaine de Pâques, ont, à partir de 23h, effectué une virée nocturne à la fameuse rue princesse de Yopougon et au Café de Rome au plateau. Comme le dit Gbagbo lui-même, cette virée est "pour découvrir Abidjan by night". Ainsi au Queens discothèque de la rue princesse, Laurent Gbagbo, tout décontracté, s'est trémoussé sous la musique de l'artiste Meiway. Le socialiste, Jack Lang, tout heureux de retrouver ses souvenirs de jeune professeur ayant fait la ronde des boites et autres bistrots abidjanais a ressorti des pas de danse dont lui seul a la dextérité.
Blé Goudé, tout comme le président Laurent Gbagbo, avait, depuis 2002 et durant les cinq années de crise qu'a connues leur pays, accusé Blaise Compaoré, le président burkinabè, d'être le parrain des assaillants ou Rebelles. A l'heure actuelle, le pyromane de Blaise Compaoré est devenu sapeur-pompier. Il est le faiseur de paix. Celui par qui la Côte d'Ivoire respire et se pacifie. La mise en œuvre de l'Accord de Ouaga sous la houlette de Blaise Compaoré, signé le 4 mars 2007, a enregistré des actions positives selon Blé Goudé et Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo. Ces actions sont : la suppression de la zone de confiance, l'organisation de la flamme de la paix qui a marqué la fin de la guerre, le redémarrage des audiences foraines, la libre circulation des biens et des personnes, le redéploiement de l'administration, etc.
Ainsi, pour remercier le président burkinabè d'avoir éteint le feu, les Ivoiriens charment de plus en plus le Burkina. Entre autres, une forte délégation du Port autonome d'Abidjan a séjourné du 24 au 29 juillet 2007 à Ouagadougou. Elle veut reconquérir le marché perdu du fait de la guerre. En retour, le ministre burkinabè des Transports, Gilbert Ouédraogo, au mois de mars 2008, a effectué un séjour en Côte d'Ivoire, ceci pour consolider les échanges économiques entre les deux pays.

Le ''Ouagadougoument'' correct s'effrite ?

Toutefois, sous ces actions pacificatrices se cachent des actions discourtoises, désobligeantes ou simplement provocatrices. Au marché d'Adjamé, des corps habillés dans la journée du 19 mars 2008 ont exigé, après avoir essayé en vain de racketter des journalistes burkinabè, leur carnet de santé et ordre de mission. N'ayant pas eu gain de cause, ils ordonnent à l'un d'eux de se déshabiller, ce que refuse ledit journaliste. En plus de cette sommation, ils ont dit aux journalistes qu'ils envahissaient leur pays. Et ces derniers de leur répondre qu'ils étaient là simplement pour travailler. Pendant ce temps, des personnes n'ayant pas d'argent pour satisfaire le besoin de ces " corps à billets " sont menottées ou enchainées au soleil.
Depuis le mois de mars 2008, le vocabulaire virulent pour qualifier les Forces nouvelles fait de plus en plus son apparition. Pourtant, Gbagbo, aux lendemains des Accords de Ouagadougou, a demandé aux Ivoiriens de ne plus rien dire ou faire de mal qui puisse porter atteinte au processus de paix. Ainsi, l'on a constaté l'apparition de termes moins belliqueux. Par exemple, Affi N'Guessan du FPI n'hésite pas à requalifier les Forces nouvelles de " rebelles ", de " combattants " et à dire que " le Premier ministre, Guillaume Soro fait du dilatoire en n'attaquant pas certains faits de front ". Simone Gbagbo, l'épouse du président, dans le journal Le Quotidien du mercredi 12 mars 2008 affirme : "Nous ne voulons plus de rebelle Premier ministre". Et comme le disent certains Ivoiriens, Simone Gbagbo est sortie du "Ouagadougoument correct" pour faire savoir à Guillaume Soro qu'il est temps qu'il avance sans réserve vers la sortie de crise. D'autres personnalités comme Ben Soumahoro, ancien Directeur général de la RTI, Mamadou Coulibaly, président de l'Assemblée nationale ont également fait des sorties du genre.
En Côte d'Ivoire, la quête de la paix est un processus. Elle se fait avec plus ou moins de difficultés. Pour sûr, une fois acquise, cette paix assurera celle des cœurs et la cohabitation entre peuples n

Ramata.sore@gmail.com



25/04/2008
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