Gabon : Quarante ans de gâchis !

Depuis 1967, Omar Bongo a fait de ce pays, qui dispose de ressources importantes, l’un des Etats les plus arriérés d’Afrique. Constat amer d’un journal sénégalais.

L’Etat est “aujourd’hui affaibli par l’ethnisme, le clientélisme, l’affairisme, la corruption, la politisation outrancière, qui ont gangrené les pouvoirs publics”. Ce ­constat accablant n’a pas été dressé par un des représentants du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque mondiale, d’habitude très sévères dans leurs diagnostics sur les économies africaines. Cette appréciation, du reste très lucide, à propos du Gabon, est du président Omar Bongo Ondimaba lui-même, qui fêtait récemment ses quarante ans de règne !
Le successeur de Léon Mba est devenu, par sa longévité exceptionnelle au pouvoir, une caricature de “dinosaure”. Mieux, il demeure le pilier le plus solide du fameux “syndicat des chefs d’Etat”, tant décrié par les opposants africains. Au début de son magistère, Albert Bernard Bongo, devenu successivement El-Hadj Omar Bongo puis Bongo Ondimba, a pu régner sur une sorte d’émirat pétrolier trop gâté par la nature.
De nature plutôt débonnaire, le chef de l’Etat gabonais a dépensé sans compter, l’argent étant érigé au rang de levier le plus essentiel de son régime. Du reste, habile manœuvrier, Bongo, toujours par la magie du cash, a su nouer de fortes amitiés dans tous les gouvernements français de la Ve République. De ce fait, du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy, les présidents français qui se sont succédé à l’Elysée se sont toujours montrés compréhensifs à ­l’égard d’un allié à la fidélité éprouvée et surtout à la générosité débordante qui a financé, à tour de bras, aussi bien la droite que la gauche. De ce point de vue, la France reconnaissante a su tirer d’un mauvais pas un si bon représentant de la Françafrique quand le régime gabonais, très contesté, a failli être renversé dans les années 1990. Mais, aujourd’hui, le vieux chef batéké sait mieux que quiconque que l’Etat-providence est un souvenir, car les Gabonais n’ont jamais été aussi pauvres et fatigués. En effet, le Gabon est l’exemple type de l’Etat africain postcolonial gangrené par la malgouvernance. Avec à peine 1,3 million d’habitants et malgré ses richesses fabuleuses, le Gabon est l’un des pays les plus arriérés du continent sur le plan des infrastructures, avec des routes moyenâgeuses et un système sanitaire complètement déglingué. Selon un rapport de la Banque mondiale, le Gabon est le 84e pays le plus riche au monde si on considère son PIB par habitant, évalué à 6 954 dollars. Mais il fait partie des derniers de la classe, à la 119e place sur 177 Etats, dans le classement de l’indicateur du développement humain (IDH). Un paradoxe ? Non, une aberration !

Barka Ba
Nouvel Horizon



22/03/2008
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