Air de famille entre Wade et Sarkozy

Pour l'hebdomadaire dakarois Nouvel Horizon, la ressemblance entre les présidents sénégalais et français ne fait aucun doute. Tant sur le plan du comportement que des idées.

Tous les deux sont avocats. Sarkozy et Wade sont des tribuns hors pair, experts dans l'art de chauffer les foules, et ils ne laissent personne indifférent. Les deux hommes, qui adorent particulièrement les médias, ne sont pas des adeptes de la langue de bois, comme en témoignent d'ailleurs l'échange mémorable qu'ils ont eu à propos de l'"immigration choisie" et de l'"immigration subie".

Le président sénégalais a été l'un des opposants les plus célèbres d'Afrique. Redoutable manœuvrier et bateleur de talent, il a été le cauchemar du régime socialiste. Senghor puis son successeur Abdou Diouf ont passé bien des nuits blanches à cause de cet habile rhétoricien qui, d'un seul mot, pouvait faire descendre des milliers de personnes dans la rue. Après une alternance saluée dans le monde entier, Wade accède au pouvoir et promet un changement en profondeur du Sénégal. Sur tous les fronts, cet homme pressé, au début de son mandat, promet presque de raser gratis et multiplie les effets d'annonce. Sept ans plus tard, rattrapé par une conjoncture économique difficile, marquée par un renchérissement spectaculaire du coût de la vie, Wade, globe-trotter infatigable, marque le coup et, à la surprise générale, reconnaît que la situation du Sénégal n'est pas des plus roses.

Avant d'accéder à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, lui, a été le personnage le plus honni du camp chiraquien qu'il n'avait jamais manqué de faire tourner en bourrique. Ayant placé sa campagne sur le thème de la "rupture", le pétaradant Sarko promettait de donner du sang neuf à la société française, plongée selon lui dans l'archaïsme après des décennies de mitterrandisme et de chiraquisme. Mais las ! Quelques mois seulement après son élection, Sarkozy, surnommé "l'omniprésident" à cause de son activisme débridé, doit faire face à un violent retour de bâton. Sa chute vertigineuse dans les sondages, consécutive à une mise en scène de sa vie privée frisant l'exhibitionnisme, plonge ses proches dans le plus grand désarroi. Pis, en avouant qu'il ne pouvait "vider des caisses déjà vides", celui qui promettait sans rire durant sa campagne d'être "le président du pouvoir d'achat" s'est peut-être durablement aliéné une bonne partie de son électorat.

Nos deux présidents sont aussi des personnes pour qui la famille compte beaucoup. Au Sénégal, on prête à Abdoulaye Wade l'intention de vouloir que lui succède son fils Karim, bombardé à la tête du conseil de surveillance de l'Agence nationale de l'Organisation de la conférence islamique (ANOCI), chargé d'organiser le sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), présenté comme la rampe de lancement de sa carrière politique. A tort ou à raison, Karim Wade passe pour être trop impliqué dans les affaires. Ce qui lui vaut un sobriquet peu flatteur : "Monsieur 10 %". A Neuilly, ville dont Sarko a été le maire pendant longtemps, Jean, fils de son président de père, vient de s'illustrer. En lâchant en rase campagne David Martinon, dont la candidature à la mairie de cette ville cossue avait été parrainée par Sarko himself ! Avec ce coup fumant, le jeune prodige a gagné un surnom qui en dit long sur sa conception de la politique : "fiston flingueur". Sarkozy et Wade, même combat ?

Barka Ba
Nouvel Horizon



21/02/2008
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