AFRIQUE DU SUD • Des criminelles chic et choc

 A Johannesburg sévissent des bandits d'un nouveau genre : des femmes qui possèdent des Rolex et roulent dans de grosses cylindrées. Elles inspirent confiance avant de frapper… au porte-monnaie.

Quatre femmes portant des vêtements griffés et des talons aiguilles cambriolent sous la menace d'une arme des résidences privées. Selon la police, ces femmes, qui portent des montres Rolex, des lunettes de soleil Guess et des chaussures en peau de crocodile, seraient responsables, depuis janvier dernier, de plus d'une douzaine de vols commis à Johannesburg, Pretoria et dans la région du Vaal.

Agées d'une trentaine d'années, elles se rendent au domicile "ciblé" à bord d'une BMW dernier modèle. Elles se présentent comme des acheteurs potentiels ou les clients d'une entreprise. Elles abandonnent ensuite leur scénario original et font main basse sur les biens des occupants en les menaçant avec des couteaux et un pistolet de calibre 9 mm. Selon l'inspecteur Kinnie Steyn, porte-parole de la police, il semblerait que la bande soit de plus en plus active. Il recommande donc aux propriétaires et à leurs domestiques d'être vigilants.

Lors de leur plus récent méfait, en décembre à Vanderbijlpark, au sud de Johannesburg, les voleuses ont attaché un domestique sur la table de la salle à manger et rempli leur voiture de bijoux et d'appareils de toutes sortes. Une autre victime présumée, qui souhaite rester anonyme, a assisté à l'un de leur méfait en septembre. Elle se tenait avec un ami devant la maison de son employeur – qu'un panneau signalait comme étant à vendre – lorsque quatre femmes sont arrivées dans leur BMW. Vêtue d'une jupe et d'une veste de cuir et portant des chaussures à talons hauts hors de prix, l'une d'entre elles est sortie de la voiture. "Elle m'a expliqué qu'elle travaillait pour une entreprise chargée d'évaluer les maisons et qu'elle était envoyée pour inspecter celle-ci. Je ne me suis doutée de rien. Elle avait un téléphone portable de luxe", raconte la victime.

La domestique, âgée, a fait entrer la nouvelle venue, et celle-ci s'est mise à inspecter la demeure, pièce par pièce, tout en prenant des notes. "Les deux autres femmes qui étaient dans la voiture l'ont ensuite rejointe. Elles lui ont demandé si la maison valait le prix annoncé. Elle a répondu que c'était une bonne affaire. Rien ne pouvait éveiller mes soupçons. Elles portaient des vêtements griffés et l'une d'elles avait des lunettes de soleil Guess. Elles parlaient anglais comme des Blancs et employaient des mots que je ne comprenais pas", poursuit-elle.

Après l'inspection, la femme vêtue de la jupe et de la veste de cuir a tenu la domestique sous la menace d'une arme dans la cuisine tandis que ses complices fouillaient la maison. "Elle était enjouée : elle a raconté des blagues et m'a dit qu'elle n'avait presque jamais peur pendant les cambriolages. Tandis qu'elles s'affairaient, l'une des voleuses a même dit aux autres de se dépêcher parce qu'elle devait aller chercher son fils à l'école. Elles sont parties avec deux téléphones portables, un ordinateur, une montre et des bijoux en or."

Selon un policier, la bande est difficile à appréhender parce qu'elle opère sur un large territoire dans la province du Gauteng [région de Johannesburg]. De plus, comme elles se font passer pour des résidentes du quartier, elles n'attirent guère l'attention. Cependant, selon Irma Labuschagne, docteur en criminologie, le gang devrait être plus facile à localiser que d'autres voleurs qui n'ont pas d'adresse fixe et qui disparaissent simplement dans la nature. "Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment ces femmes qui appartiennent toutes les quatre à la classe moyenne ont fini par former une bande. Comme dit le proverbe : "Qui se ressemblent s'assemblent".

Victor Khupiso
Sunday Times



02/02/2009
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